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C'est ce qu'affirme l'incontournable Cécile Duflot qui profère une contrevérité par bêtise ou malhonnêteté intellectuelle (les deux n'étant pas incompatibles)
Citation.
(sur France Info), à propos du placement en redressement judiciaire de Photowatt, pionnier tricolore des panneaux solaires.
- Je pense aux salariés de Photowatt, une des plus anciennes entreprises de panneaux solaires en France qui est aujourd’hui dans une situation de grande vulnérabilité et qu’il faut protéger,
- Etre dans un pays, la France, [qui] est le seul au monde à faire des plans sociaux dans les entreprises d’énergie renouvelable, et en particulier dans le solaire, c’est aberrant !
Il faudrait que Duflot nous explique comment elle compte faire coïncider le prurit eurobéat qui a poussé son parti à voter en faveur de toutes les étapes de la construction européenne - précisons: du capitalisme européen fondé sur la suprématie de la financiarisation et du dumping par l'apologie du libre-échange mondial -, avec la "protection d'une entreprise française".
Ensuite il faudra qu'elle cesse de dire des conneries. La crise du photovoltaïque était prévue par des Cassandre qui ont, comme toutes les Cassandre, le tort d'avoir eu raison trop tôt: le prix délirant d'achat de l'énergie photovoltaïque ne pouvait durer ad vitam aeternam et il est même étonnant que les consommateurs (sous informés) continuent de payer la différence pour une électricité qui en outre souffre d'un autre handicap majeur: son intermittence.
Bien que la taxe additionnelle (pudiquement rebaptisée "contribution au service public") qui finance la différence soit amenée à augmenter dans des proportions considérables et à court terme pour offrir des rentes colossales aux petits malins de la filière qui, au nom de la protection de l'environnement, s'offrent des rentes de 18 à 25% par an d'un investissement parfois virtuel (amorcé avec des prêts bonifiés), les divers gouvernements se voient contraints de limiter ce racket indécent, et pas qu'en France: tout en restant très confortables, les rendements du solaire diminuent par infléchissement du prix d'achat contraint par les compagnies distributrices d'électricité.
De ce fait et soucieuses avant tout de préserver le rendement des "investissements"** en photovoltaïque (parce que de l'écologie, les possesseurs de panneau n'ont rien à battre: ils veulent beaucoup d'artiche et à très court terme), les investisseurs ne recherchent que le moindre prix pour leurs équipements (la qualité étant loin de suivre) De ce fait partout en Occident, on rencontre les mêmes difficultés pour les prestataires qui ferment ou délocalisent pour survivre. le phénomène n'est pas que français - comme l'affirme Duflot qui ment avec un aplomb confondant.
** j'ai mis des guillemets parce qu'on n'a même pas d'argent à avancer pour ce genre "d'investissement"...
Allemagne: le leader Q-Cells, a perdu 365 millions d’euros entre janvier et septembre, et a annoncé, en août, une restructuration. Le bilan social s’annonce très lourd pour les 2.500 salariés : délocalisation massive en Malaisie, réduction de 25% des coûts administratifs. Son concurrent, Solon (800 salariés), a déposé le bilan le 14 décembre. L'Allemagne sortant définitivement du nucléaire, un boulevard était censé s'ouvrir devant les productions alternatives et pourtant...
Norvège: en novembre, REC annonce la fermeture d’une de ses usines (700 suppressions d’emplois directs) après avoir réduit de 60% la capacité d’une seconde usine norvégienne, l’une des plus modernes du groupe. Précision: même son site "low-coast" de Singapour est menacé.
Grande-Bretagne: BP a mis en vente sa filiale solaire,
Suisse: Flexcell licencie un tiers de ses 85 employés.
Même panade aux USA. Trois gros fabricants de panneaux et de cellules solaires (Solyndra, Evergreen et Spectrawatt), ferment: 2 100 licenciements.
Début novembre, SunPower, filiale américaine de Total, lourdement déficitaire, annonce un plan d’économies.
La situation est assez grave pour que des industriels américains demandent au gouvernement d’instaurer des barrières douanières visant les panneaux chinois. La filiale américaine de l’allemand Solarworld qui mène la fronde a porté plainte en octobre pour concurrence déloyale, après avoir fermé deux usines américaines.
Même les Chinois qui ont raflé près de 60% du marché mondial souffrent, malgré leurs coûts imbattables (environ 1 euro le watt). Au tarif actuel pourtant excessif pour les finances d'un consommateur lambda, personne ne gagne sa vie, même pas les Chinois et leurs salariés payés 200 euros par mois pour 70 heures hebdomadaires de travail (Jean-Pierre Néollier, expert du solaire au cabinet Syndex). Suntech, leader chinois et mondial du secteur, a affiché des pertes l’an dernier.
Alors quand Duflot prétend que la France est l’unique fossoyeur du solaire, elle ment. Le sacro-saint "marché" trouve ses limites et sauf à quintupler le prix de l'électricité, ce qu'elle présente comme "viable" ne l'est tout simplement pas.
En outre les USA parviendront peut être - même dans le cadre de l'OMC - à sauver ce qui peut l'être en établissant des barrières douanières (les droits de douane maximums prévus au sein de cet organisation sont de 35%). Comme au nom du dogne de la concurrence libre et non faussée (pour nous européens, face à des concurrents qui ne cessent de le faire) L'UE s'interdit de faire pareil - grâce à toutes les mesures eurobéates que les Verts ne cessèrent de soutenir, c'est mal parti pour nous.
La solution n'est certainement pas d'accélérer quand on va dans le mur. Elle est d'investir massivement pour que les salariés menacés soient reclassés près de chez eux dans un emploi équivalent sur le plan de la technicité et des salaires - ce qui présuppose une planification économique et sociale aux antipodes de la société pronée par EELV (dont la quasi totalité des membres s'exonérent soigneusement des risques qu'ils font prendre à d'autres. Prolophobie pas morte, loin de là!)
(Source désintox).
benjamin borghésio
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