Il est rare que l'on parle deux jours de suite du même sujet sur ce blog, mais là ça vaut son pesant d'or
Quand l'intraitable Joly est partie prenante - volontairement ou non - d'une falsification de la plus extrême gravité.
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Communication récente de l'évaluation du budget national prôné par Eva Joly, qui audité selon les médias par l'OFCE qui lui aurait délivré un satisfecit: pour résumer, crédible, générateur de (bonne) croissance et bon pour l'emploi comme pour l'environnement.
Les journaux titraient:
Quatre économistes donnent un satisfecit au projet de budget d'Eva Joly
Sur ces bases, je m'apprêtais à rédiger une note qui - une fois n'est pas coutume, tout en maintenant un désaccord courtois avec EELV, reconnaissait une certaine cohérence et plus de sérieux que de coutume dans la démarche
Et là une information relayée entre autres par le Monde met les choses au point.
L'analyse du budget d'Eva joly était réalisée... par un militant vert
L'exercice devait être une "opération crédibilité" pour la campagne d'Eva Joly. Le budget de la candidate écologiste, présenté à la presse le 4 octobre 2011, a été passé au crible de plusieurs économistes de l'OFCE, via un modèle appelé ThreeME, développé par l'OFCE et utilisé à Bercy.
Une "simulation des effets macroéconomiques du budget d'Eva Joly", dont le résultat était assez concluant pour le budget écologiste. L'étude concluant que les mesures budgétaires proposées par Eva Joly (réorientation de la fiscalité vers la fiscalité environnementale, augmentation des dépenses d'investissements publics, relèvement des prélèvements obligatoires sur les hauts salaires et les revenus du capital) constitueraient un modèle efficace pour sortir de la crise.
Mais, vendredi 27 janvier, trois des quatre économistes cités dans l'étude, Paul Mailliet, Frédéric Reynès et Yasser Y. Tamsamani, expliquent, sur le site de l'OFCE, qu'ils n'ont "ni participé, ni signé, ni contribué directement ou indirectement au travail d'évaluation proposé par Europe Ecologie-Les Verts", dans une note titrée "quand les économistes sont pris pour des pommes". (1)
Ils précisent par ailleurs que "ce travail est la responsabilité pleine et entière de Gael Callonec (le quatrième économiste, NDLR), et n'engage que lui". Or Gaël Callonnec, outre sa qualité d'économiste, est également... militant d'Europe Ecologie-Les Verts, investi par son parti pour les élections législatives de juin 2012 dans le département des Yvelines et porte-parole du groupe de Conflans-Sainte-Honorine - Anne-Sophier Mercier
(1) Extrait
Informations complémentaires au communiqué de presse de l’OFCE du 24 janvier 2012 relatif à l’évaluation des projets des candidats à l’élection présidentielle.
par Paul Malliet, Frédéric Reynès, Yasser Y. Tamsamani et Xavier Timbeau
Un « exercice inédit » : c’est ainsi que le site de campagne d’Eva Joly présente un travail d’analyse fait à propos de son projet de budget 2012. Cet exercice est inédit en particulier en ce qu’il attribue à 3 économistes de l’OFCE un travail qu’ils n’ont pas réalisé !
Comme il en est de signer un travail qui n’est pas le sien, voir apposer sa signature sur un travail auquel on n’a pas participé constitue une violation de la déontologie scientifique la plus élémentaire. Paul Malliet, Frédéric Reynès et Yasser Y. Tamsamani déclarent qu’ils n’ont ni participé, ni signé, ni contribué directement ou indirectement au travail d’évaluation proposé par Europe Ecologie Les Verts. Ce travail est la responsabilité pleine et entière de Gaël Callonnec et n’engage que lui.
La présentation erronée et l’attribution indue de ce travail conduit à penser que l’OFCE, en tant qu’institution, apporte une quelconque validation à ce travail. Il n’en est rien, pour la simple et bonne raison que pour valider un travail, il faut en avoir eu connaissance (ce qui n’est pas le cas de cette évaluation), qu’il y ait eu matière à validation et qu’une discussion critique ait été conduite, ce qui n’est pas le cas non plus.
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Une telle mahonnêteté intellectuelle, de telles violations des règles habituelles qui régissent le travail dans des organismes à vocation scientifique frisent la forfaiture (ne serait-ce que par l'usurpation de signature, à moins que Gallonnec démontre qu'il est victime d'un complot de ses collègues qui auraient monté cette conspiration pour abattre "sa" candidate (et lui, par la même occasion)
Il faut aussi poser la question du rôle de Joly, l'ex magistrate intraitable. Etait-elle informée de la manoeuvre - et dans ces conditions, comment peut-elle prétendre une minute exercer le moindre rôle public?
Ne l'était-elle pas? Fut-elle victime de manoeuvres qu'elle ne contrôlait pas et dans ce cas, son équipe est une telle pétaudière que cela démontre l'incapacité chronique d'EELV à exercer quelque fonction que ce soit. (De cela j'étais pour ma part convaincu.
A noter que Joly et EELV continuent de bénéficier d'une étrange mansuétude. Certes ça ne se fait pas, de tirer sur une ambulance - sauf si elle participe aux combats. J'en veux pour preuve le peu de place accordée à cette information, lundi 30 janvier, à 17h40, sur le site du Monde. (Voir un fragment de la capture d'écran). Bien des formations politiques prises les mains dans la confiture à ce pointseraient ravies d'être traitées avec tant de circonspection.
benjamin borghésio
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