En 1999, pour Sarkozy, une taxation sur les transactions financières était une absurdité complète dès lors qu'elle ne serait pas appliquée universellement (et même dans ces conditions, ce n'était pas une bonne chose: il y avait déjà "trop de taxes")
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Source : ina.fr
En 2009 quand l'ineffable Kouchner l'évoqua dans un rare accès de lucidité, comme une "idée sur laquelle on pouvait peut être réfléchir", Lagarde missionnée pour cela par l'Elysée le crouvrit de ridicule et il se le tint pour dit.
Soudain, en 2012, il faut la mettre en oeuvre en urgence, même si c'est dans la seule France (ce qui risque d'être le cas et encore, si on y croit)
Bien que la France et l’Allemagne aient été jusqu’ici totalement en phase sur la nécessité de réguler le système financier européen, la chancelière a, elle, peu apprécié la décision du président français de foncer en solo sur ce dossier. Poussant les feux à l’approche de l’élection présidentielle, Sarkozy a annoncé vendredi que la France «n’attendra[it] pas que tous les autres soient d’accord» pour instaurer cette taxe. Objectif de l’UMP : déposer en février un projet de loi de finance rectificative créant cette taxe sur tous les échanges d’actions et d’obligations.
Ce cavalier seul a été mal perçu par Angela Merkel, qui se veut tout autant la championne d’un projet aussi symboliquement fort que populaire : faire payer au secteur financier les pots cassés d’une crise dont il est en partie responsable.
A Berlin, on a donc immédiatement rappelé que l’objectif de l’Allemagne "reste l’introduction de cette taxe au sein des Vingt-Sept Etats de l’Union européenne, ou au moins des Dix-Sept de la zone euro". La fiscalité étant un sujet régi par la règle de l’unanimité, la TTF est condamnée d’avance au niveau de toute l’UE: outre le Royaume-Uni, la Suède s’y oppose. Au sein même des Dix-Sept, rien n’est joué : les très libéraux Pays-Bas y sont hostiles, et l’Irlande a conditionné son accord à celui de Londres… (Libé.fr)
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Sur un strict plan de tactique électorale, c'est sans nul doute bien joué. La taxe a de bonnes chances de voir le jour "en principe" à la suite d'un vote baclé au Parlement, puis d'être remise en cause juste après les élections quand le pouvoir sera confronté au chantage de milliers de suppressions de postes dans le quartier de la Défense, là où sévissent nos traders.
En 2002, quand Sarkozy commença à se poser en présidentiable incontournable, il nous l'a joué plus humaniste que moi tu meurs, avec le suppression virtuelle de la "double peine" accouplé à une succession de lois revues dans le sens de toujours plus de sévérité, en contraste avec son image de libéral pur et dur, version autoritaire.
En 2007, le grand copain du capital la jouait plus socialiste que moi tu meurs, s'appropriant sans vergogne Blum, plus communiste que moi tu meurs avec la captation de la mémoire de Guy Môquet, plus gaulliste républicain progressiste que moi tu meurs en annexant Jean Moulin et par extension le programme du CNR, en plus d'être plus ami des ouvriers que moi tu meurs avec le slogan "travailler plus pour gagner plus".
En 2012 Sarkozy nous la jouera plus altermondialiste que moi tu meurs en plus de la faire plus protecteur de l'emploi des Français que moi tu meurs.
Son talent de bateleur associé à la toute puissance des médias qui le soutiennent (TF1 en première ligne, le groupe Lagardère juste derrière plus environ les 3/4 des autres chaines ou journaux) font que cela peut marcher, surtout si en face il n'y a qu'un remake, sur la seule forme, de la campagne Mitterrand de 1981 (on est bien parti pour ça avec Hollande)
Une petite cuiller (vite retirée) de Taxe sur les Transactions Financières... Une grosse louche (maintenue) de TVA très majorée.
Sur la forme: chapeau, l'artiste. Sur le fond: à gerber.
benjamin borghésio
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