Un complément
_________
Quel prix, pour l'électricité française? (1)
Quel prix, pour l'électricité française? (2)
En Allemagne, les sources convergent (gouvernement, partis, associations, industriels) pour fixer le montant de la sortie "totale"** du nucléaire à 1.750 milliards d'euros, d'ici à 2025 soit 135 milliards par an, dont une bonne partie en investissements hautement rentables (ce qui concerne les économies d'énergie), d'autres pour acquérir panneaux photovoltaïques et éoliennes qui à coût égal produisent moins et surtout, avec intermittence (en outre leur durée de vie est limitée et leur entretien n'a pas un coût anodin)
** En bons calvinistes cyniques par nature, ils ne se sont pas interdits pour autant d'acheter de l'électricité d'origine... nucléaire venant de l'étranger. Tout comme les Suisses et les Belges.
Le nucléaire représente environ 25% du MIX électrique allemand. Une extrapolation pousserait à conclure que sortir du nucléaire en France (part du nucléaire : de l'ordre de 75%) coûterait le triple, les Allemands consommant en proportion un peu moins d'électricité que nous, mais ayant une population plus nombreuse (c'était l'argument, peu honnête, de Proglio, PDG d'EDF). En réalité, entre les économies d'échelle, les économies d'énergie que l'on peut réaliser de part et d'autre du Rhin pour un montant à peu près constant, il n'est pas inconvenant d'appliquer un coefficient inférieur... disons de 1,5 à 2, pour aboutir à une dépense de l'ordre de 2.500 à 3.500 milliards d'euros.
Même si on tient compte des investissements productifs et des emplois induits - l'aspect positif -, peut-on s'offrir une telle facture qui s'ajouterait au maintien en état avant démantèlement d'un parc nucléaire encore en bon état ?
Autre question : nous avons établi que du fait de l'intermittence de ces sources (nuit, manque de vent), il faut des substituts à flamme compte tenu de la très grande insuffisance des moyens de stockage par pompage, et du faible nombre de sites viables acceptés par la population. Les Allemands pourront empuantir l'atmosphère et augmenter leurs émissions de CO2 avec leur charbon et leur lignite, et en outre ils achèteront du gaz à la Russie (Schröder qui initia les prémisses de la sortie du nucléaire et qui travaille pour GAZPROM se lèche les babines).
Or le gaz est indexé sur le pétrole (c'est pour cela que les Russes soufflent sur les braises dans le Golfe Persique : pour profiter par ricochet de l'augmentation du baril liée à la crise iranienne) et la seule échappatoire - puisque nous n'avons ni pétrole ni gaz - sera de trouver un palliatif.
Il y en a un qui jusqu'ici faisait consensus... contre lui : le gaz de schiste dont le sous-sol français regorge mais dont l'exploitation est à peu près ce qui se fait de pire sur le plan écologique. L'idée de pratiquer la "fracturation hydraulique" et d'envoyer des centaines de tonnes de saloperies mêlées à des dizaines de milliers de m3 d'eau dans le sous-sol a suscité une levée de boucliers dans la France entière - suffisante pour faire plier Total et autres entités de cette nature, ce qui est une victoire.
Contre la perspective de voir sa note énergétique augmentée non pas de 30% en cinq ans - c'est déjà beaucoup et il faudra sans nul doute lutter pour baisser la facture – mais de 50 ou 100% pour acheter ce gaz et payer nos "amendes CO2" – puisque nous avons ratifié Tokyo et Durban – la population n'évoluera-t-elle pas, contrainte et forcée par son budget d'une part et bien conditionnée par une propagande qui aura de quoi s'étayer ? Que pèsera José Bové contre un doublement – voire plus – de la facture EDF ?
Nous avons une énergie électrique fiable et sûre – même si le risque nul n'existe jamais – peu chère, avec des perspectives de plusieurs décennies qui nous donnent le temps de procéder à la R&D suffisante pour "trouver autre chose", une solution dont on n'a pas idée comme on n'imaginait pas, dans les années soixante, pouvoir se passer un jour du charbon.
En lieu et place, on veut un "machin" hors de prix, renforçant notre dépendance énergétique, aggravant un déficit commercial qui n'en a sûrement pas besoin et/ou salopant notre sous-sol pour la fin des temps (sans compter que les multi-forages n'offrent pas un danger hypothétique, mais un danger réel).
Qui sont les vrais écolos ?
benjamin borghésio
Les commentaires récents