Cette note peut sembler décousue: c'est un commentaire édité que j'ai posté sur A(c)Tu à la suite d'un billet qui traitait du sujet
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Le principe de la TVA dite sociale: la protection sociale est payée par une taxe sur les salaires augmente le coût de la production, une « TVA sociale » fait donc participer le consommateur à sa protection sociale en espérant améliorer la compétitivité. L’équilibre des prélèvements est modifié /... Nous pourrions dire que le travailleur étant également consommateur, l’opération est "neutre". Pas tout à fait … "au lieu d’être financée par des cotisations pesant sur les salaires, une partie des prestations sociales serait financée par de la TVA, prélevée sur la consommation". /...
Pour ses promoteurs [cela] permet d’alléger le coût du travail et de taxer davantage les produits importés, avec l’espoir discutable que les ménages achèteront ainsi moins ces produits. Rien n’est moins certain, mais il n’est pas impossible de le penser.
En fait les entreprises répercutent leurs impôts sur les produits ou les services qu’elles proposent et ce sont finalement les ménages qui les paient. /... [A(c)Tu]
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Il est clair que la TVA sociale (oxymore) implique l'augmentation des prix, puisqu’elle frappe autant les produits importés que ceux qui sont fabriqués sur place. Donc c’est une ponction pour les consommateurs, même les plus modestes, injuste parce que celui qui est contraint pour survivre de dépenser 90% de ce qu'il gagne paye en proportion davantage que celui qui peut épargner 50% de ses revenus.
En revanche comme ce sont les cotisations PATRONALES qui seraient abaissées en compensation, le salarié ne verrait pas sa feuille de paye augmenter... surtout que le Medef en rajoute, qui réclame deux points de CSG en plus! Quelque chose me dit en outre que le pouvoir en profitera pour alourdir la sauce… en compensant 20 milliards de charges sociales par trente ou quarante milliards de TVA. Ce qu'a fait l'Allemagne quand elle augmenta sa propre TVA (pour la porter à 19%, moins que le taux actuel français qu'on veut encore faire progresser)
L’argument de la compétitivité fait rigoler: nous sommes en concurrence avec des pays qui emploient des méthodes mafieuses de dumping social, fiscal, environnemental et monétaire. Je doute qu’un gain de productivité de 2 ou 3% changerait quoi que ce soit à la donne. Un exemple est donné là... On parle, en Chine, d'augmenter de quelques euros les salaires des grandes villes industrielles pour que des esclaves qui travaillent 70h par semaine touchent 200 euros par mois. Face à cela, que pèsent deux, trois ou même cinq points de charges salariales?
Certaines entreprises chinoises construisent les
"maisons de retraite" de leurs ouvriers
En revanche, la part des revenus du capital a augmenté de 10 points de PIB en trente ans. Sans être un affreux marxiste révolutionnaire confiscatoire, faire en sorte que les revenus de ce qu’on gagne en ne fichant rien soient autant taxés que les revenus de ceux qui bossent dégagerait des milliards.
Autre solution… compenser les charges sur les salaires par une fiscalité carbone, mais pas à la manière de Sarkozy… c’est à dire qui frapperait les vrais pollueurs et pas seulement les ménages.
Enfin, beaucoup opposent à l’instauration d’une TVA sociale, une taxation des produits financiers. /... Il convient de rappeler que le projet de taxe sur les transactions financières est dans l’air depuis le début de la crise en 2008 et a été relancé par le couple franco-allemand. Cependant, plusieurs pays /... comme la Suède et surtout la Grande-Bretagne, sont farouchement opposés à un tel impôt. Ne parlons pas du reste du monde. Pour David Cameron /... , cette taxe pourrait pénaliser la City de Londres, qui représente entre 10 et 15 % du PIB britannique. /... [A(c)Tu]
Pour la taxe sur les transactions financières qui serait indispensable et pas que pour rapporter de l’argent: pour rationaliser enfin la finance, elle ne verra le jour que si on sanctuarise de nouveau les bourses nationales qui traiteraient des valeurs nationales. Parce que "grâce"à la mondialisation en ce domaine, si on la met en place en France et en Allemagne par exemple, les échanges se feront à la City… y compris depuis une tour de la Défense par la magie de l’Internet. A noter que même l’ultra-libéral et ardent défenseur de la bourse JM Sylvestre est pour le retour de "l’impôt de bourse"... qui existe d'ailleurs en Grande Bretagne.
Rassurez vous, il ne frappe outre Manche que les particuliers, pas les spéculateurs qui torpillent des économies en programmant leurs ordinateurs pour faire des milliers de va et vient sur un cours sensible) Cette taxe serait indolore pour une entreprise qui veut acquérir de la visibilité, comme la compagnie aérienne qui achèterait son kérosène à terme. En revanche le trader qui fait des milliers d’aller-retours à la seconde sur un panel de valeur (avec de l’argent qu’il n’a pas) pour jouer sur la différence de prix et empocher les différences, serait ponctionné. La diminution des transactions fictives, pas liées à la fin à une livraison de la marchandise ou du produit, diminuerait la pagaille mise sur les marchés et la force de frappe de ceux qui spéculent sur les monnaies.
Autre solution… La Grande Bretagne déclare la guerre économique… on la fait!
On met l’UE en sommeil, on en refait une à 26 qui reprend (en attendant mieux) les modalités de l’ancienne, et on impose des droits de douane de 35% (le maximum toléré par l’OMC en attendant mieux: l’OMC n’a pas de missiles pour nous caraméliser) à ce qui vient de chez les Rosbifs, avec formalités administratives ‘minutieuses’ à chaque fois, contrôle accentué des déplacements de capitaux voire instauration de visas pour les citoyens ou du moins les hommes d’affaire, etc.
Depuis que la diplomatie existe et ça remonte à la nuit des temps, les Rosbifs sont habitués:
- à fixer les règles du jeu;
- à en changer quand ça les arrange;
- à les respecter de manière… créative on va dire.
On ne le leur reprochera pas. Un sale gosse à qui on a passé tous ses caprices et qui tombe sur quelqu’un doté d’autorité (sans être excessif, simplement ‘normal’) se retrouve déstabilisé avant de piger la nouvelle donne,:les Anglais ont l’habitude multiséculaire qu’on leur cède grâce à la supériorité de leur diplomatie (on leur rend cet hommage… quand Thatcher glapit "I want my money back", c’est Giscard et Schmidt qui se couchent. Et personne n'ose remettre en cause son "chèque" en principe limité dans le temps. Mais quand une habitude est mauvaise… on en change!
Excessif? Dans quel monde sommes-nous, qui ouvrons tout grand nos frontières, nous laissons fouetter en glapissant "encore, encore, oh oui maîtresse fais-moi mal"? Quelques exemples...
Pays émergent 1: l’Inde "envisage" d’ouvrir de façon limitée sa bourse aux investisseurs et spéculateurs étrangers. En revanche l’Indien Mittal peut acheter notre dernière entreprise sidérurgique, en Lorraine, juste pour la fermer et se débarrasser d’un concurrent.
Pays émergent 2 confronté à la concurrence déloyale du pays émergent 3: face au dumping monétaire, fiscal, social et environnemental de la Chine (entre autres) qui a déséquilibré sa balance commerciale, le Brésil vient de décider d'établir des droits de douane de 35% sur les produits industriels venus d’Asie.
Il surtaxe un maximum les constructeurs automobiles qui ne montent pas les véhicules sur place, avec au moins 60% des pièces produites sur place: du coup, Peugeot ferme des usines en France pour en monter à S. Paulo.
Ces droits s’ajoutent à l’IPI (impôt sur les produits industriels) déjà existant, censé frapper les produits finis à des taux variant selon leur degré de nécessité… mais "comme par hasard" la plupart des produits surtaxés sont importés. Les parfums français sont étiquetés de grand luxe quelque soit leur prix (l’eau de lavande industrielle est concernée) et leur IPI est deux fois plus élevé que celui des parfums brésiliens.
Ajoutez à cela une bureaucratie très créative qui perturbe les dédouanements et génère des coûts pharamineux… Vous avez une idée du tableau.
A l'opposé, une compagnie aérienne européenne qui acheterait des Embraers brésiliens (au demeurant les meilleurs court-courriers du monde) le ferait sans dépenser plus, sans tracasserie par rapport à un achat d' Airbus. (ci contre... un Embraer d'Air-France)
Deux exemples de masochisme. L'Île de France acquiert sans problème des rames Bombardier (canadiennes) pour le Transilien, rames sont on perçoit mal le "plus" par rapport à la concurrence locale - d'autant plus que leur mise en service est retardée, et catastrophique.
La communauté urbaine de Strasbourg tente de contourner le dogme de la concurrence libre et non faussée en prescrivant, pour l'extension de son tramway, des rames à pneus (qui en outre sont silencieuses et dans toutes les villes, les riverains se plaignent des nuisances du rail). Certes cela avantagerait une firme alsacienne qui produit ces rames... mais l'opposition politique qui défend le made in France ou la réindustralisation est vent debout contre le projet et soutient... Siemens! Tant pis pour l'emploi français et même alsacien...
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Nous sommes dans le monde comme dans l’UE, face au concept de dissuasion. L’adversaire doit être persuadé que nous acceptons si nécessaire de faire la guerre économique…. pour qu’il n’y ait pas de guerre. Les conférences de Munich n’ont jamais profité qu'aux tricheurs.
On ne demande pas la fermeture des frontières comme le ricanent ceux qui faute d’arguments caricaturent. On demande que si nous ouvrons les nôtres, ceux qui en profitent s'ouvrent en proportion et respectent peu ou prou les règles du même jeu.
On trouve absurde, même pour des raisons environnementales, que le lait vienne parfois de Nouvelle Zélande, que la pizza soit importée d’Asie et faite là-bas avec des produits de onze provenance différentes dont certains… de chez nous expédiés en Chine avant assemblage final.
On s’étonne que la certification soit implacable chez nous** pour ce qu’on produit - avec ce que ça engendre comme frais et contraintes (ah les normes européennes!) - mais que les Chinois puissent vendre du lait pour nourrissons toxique, des jouets qui sont des dangers mortels, qu’ils fassent des "grandes visites" pour Air-France en oubliant des dizaines de rivets et en couvrant les avions de peinture inflammable. Tout ça pour gagner 10% sur le prix d'une de ces visites, en supprimant des emplois en France.
** Quoique. C’est une firme allemande qui a certifié conformes les prothèses mammaires PIP posées en France et en Grande-Bretagne mais étonnamment pas en Allemagne! Et si on discute pour savoir qui paiera des chirurgiens, de la firme ou de la Sécu, personne ne parle pour le moment de faire payer cette firme de certification!
benjamin borghésio
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