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Le lecteur de ce blog sait que pour son auteur, la présence du FN à un niveau élevé dans la vie politique française est une catastrophe dont l'origine a de multiples causes, la dernière n’étant pas le mépris absolu avec lequel les “élites” traitent la volonté populaire souveraine. Nous en avons eu un exemple avec le rejet massif du Traité Constitutionnel Européen (TCE) de 2005, malgré une campagne de nature soviétique en faveur du “OUI” et dont ensuite la quasi totalité des dispositions furent adoptées par le Parlement français, le PS et l’UMP unissant leurs voix dans un déni de démocratie scandaleux.
De telles comportements qui s’ajoutent à une crise économique créée elle-même par une crise financière, pour laquelle les peuples n’ont aucune responsabilité mais dont ils assument seuls les conséquences, ne peuvent que favoriser les comportements de “repli sur soi” qui eux mêmes sont le terreau des mouvements populistes et xénophobes : ces derniers proposant des réponses simplistes à des questions forcément complexes et faisant appel aux sentiments les plus vils sont naturellement avantagés par rapport à qui tente de raisonner.
Chez-nous, le FN prospère sur le terreau de la xénophobie tout comme sur l’imbécilité des partis démocratiques qui lui ont laissé le monopole de la lutte pour défendre la notion de patrie comme la laïcité (réduite par le FN et ses satellites à l’islamophobie la plus haineuse, du niveau de l’antisémitisme des années trente). S’appuyant sur les ravages provoqués dans notre économie par l’instauration de l’Euro, avec son mode de fonctionnement actuel imposé par le Diktat allemand, il propose des solutions simplistes, renouant avec le fokonyaka habituel.
Certes l’Euro actuel est une catastrophe, mais la sortie de la monnaie unique telle que le FN le propose ferait regretter le sort des Grecs aux Français, et cela en moins de quelques semaines. C’est cette accumulation de stupidités – tant sur ce sujet que sur d’autres y compris l’immigration telle que la voit le Pen qu’il faut s’appuyer pour que l’influence nauséeuse de ce parti baisse (en outre, une ardente publicité des “réussites” locales, dans les rares endroits où le FN fut aux affaires, serait des plus productives).
Il n’empêche. Pour le moment, le FN se situe – selon les étiages et les types d’élections – entre 11 et 20% et dans une démocratie il est impossible d’envisager qu’un parti légal d’une telle importance ne puisse participer, pour des raisons de forme – en l’occurrence l’insuffisance de parrainages (il faut 500 maires, conseillers généraux ou régionaux ainsi que parlementaires pour parrainer)
Or ces parrains potentiels rechignent à se prêter à la manœuvre, du moins pour ceux - la majorité - qui se sont déclarés sans étiquette (de façon abusive dans bien des cas). Ils se disent victimes de pressions, ils sont peur de mécontenter leurs électeurs et d’aucuns réclament l’anonymat pour signer… ce qui n’est guère concevable : le citoyen est en droit de connaître les prises de positions de leurs élus dont ils tiennent le pouvoir et à qui ils doivent rendre des comptes ! Autre curiosité liée à cette forme de parrainage : le même pouvoir (dans ce cas exorbitant) accordé au maire d’une commune de quelques dizaines d’habitants et au maire de Paris qui en représente deux millions !
Comme il faut bien instaurer des filtres pour éviter que fleurissent par milliers des candidatures fantaisistes, pourquoi ne pas instaurer le parrainage populaire ? Le candidat à l’élection présidentielle devrait alors recueillir quelques dizaines de milliers de pré-suffrages d’électeurs. Techniquement, comment opérer ? (ne nous leurrons pas : rien n’est plus facile à truquer qu’une pétition classique, il faut trouver plus “sophistiqué”)
Si lors de la réception de sa carte d’électeur (plus tôt que maintenant) le citoyen disposait d’un coupon muni d’un hologramme le rendant difficilement falsifiable qu’il pourrait transmettre au candidat de son choix par voie postale uniquement (cela afin d'éviter autant que possible l'intimidation par des militants), le problème du parrainage serait résolu. (encore faudrait-il veiller à ce que des garde-fous empêchassent les achats de parrainage. Mais je doute qu’en France cela constitue un problème sérieux - d’autant plus que la révélation d’un scandale de cet ordre serait des plus contreproductifs). Il reste à étudier le nombre de parrainages populaires nécessaires, tant pour éviter qu'un trop grand nombre de candidats folkloriques viennent perturber la vérité du scrutin, que pour empêcher un déni de démocratie.
Autre manière de procéder: réduire le nombre de parrainages requis, mais que ces derniers soient délivrés par des élus désignés à la proportionnelle (laquelle devrait d'ailleurs voir son champ d'application augmenter). Le FN a des députés européens et des conseillers régionaux.
On peut ajouter des conseillers municipaux de grandes villes, là où justement il y a des représentants désignés à la proportionnelle, en attendant que l'ensemble des parlementaires fussent désignés ainsi: si un élu sous l'étiquette FN rechigne à accorder son parrainage... cela devient une affaire interne au parti.
Marine le Pen - comme d'autres "petits" candidats - serait ainsi à peu près assurée de pouvoir se présenter. Ce serait une exigence pour nous, de la combattre elle et ses idées fétides tout comme son programme parfaitement imbécile. On ne gagne jamais rien à victimiser les adversaires et cette faction qui ne fait que semer la haine de l’autre excelle – un comble – à se présenter en victime. Sa non participation en ferait une martyre et personne n'y gagnerait quoi que ce soit.
benjamin borghésio
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