Que la poussée de Mélenchon affole certains, on n'y peut rien. Qu'ils en arrivent à distiller des propos d'une violence inouïe, c'est une autre affaire et cela risque de se payer cash : pas plus qu'on attrape les mouches avec du vinaigre, on attrape l'électeur avec des invectives.
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Il y a quelques mois c'était le mépris distillé par les acolytes Dray (bien placé pour donner des leçons de morale après l'affaire du mélange de sa trésorerie personnelle et de celle de SOS Racisme: il n'a écopé que d'un rappel à la loi plein de mansuétude, mais qui marquait le bonhomme) puis Cambadélis, le gonze expert depuis sa sortie du trostkisme le plus intransigeant**vers les magouilles d'appareil, et bien d'autres.
** Pour simplifier... "T'es pas d'accord avec moi? T'es facho, ou t'es stalinien!"
Puis nous sommes passés aux insultes, avec (entre autres) le Sieur Huchon (condamné deux fois pour des faits relatifs à sa gestion délictueuse de la région francilienne, donc bien placé pour donner des leçons de vertu): selon lui Mélenchon était pire que le Pen.
Ensuite ce fut la condescendance avec un Hollande qui faisait le distinguo entre les gens sérieux de cette présidentielle (Sarkozy et lui même) et Mélenchon qui n'a "qu'une fonction tribunicienne" (on témoigne une immense considération envers un groupuscule évalué à 2% alors qu'en principe il est porteur de thèmes fondamentaux, mais un partenaire potentiel donné à plus de 10% est méprisé... curieux). Il y eut ensuite la phase de "désinformation" (le mot poli qui signifie MENSONGE) quand on a certifié à l'opinion que "des assurances avaient été données au Front de Gauche pour les législatives". Totalement faux puisqu'au contraire, des magouilles sont préparées entre PS et EELV pour déloger des élus du FdG (il semble qu'une riposte se prépare)
Les "alliés" d'EELV qui feraient mieux de la boucler vu leurs résultats piteux et leurs arrangements avec la morale s'y sont mis, ricanant à propos de la campagne désuète et surranée du FdG. Que pour Duflot la prise de la Bastille, les luttes révolutionnaires que l'on célèbre à gauche pas pour les fossiliser mais pour les hisser en exemple ne représentent rien, ce n'est pas étonnant: cette bobo dont la culture est très limitée sera toujours inapte à saisir les aspirations populaires et l'essence des grandes traditions de luttes (Jaurès, c'est de la naphtaline, Placé c'est cool, coco!). Leur échec cinglant assorti de reniements tout aussi cinglants nous pousse à leur dire de la fermer. Sans leur prêter trop d'importance.
Nouvelle salve d'invectives avec Collomb, le népote de Lyon qui multiplia jusqu'à l'obscénité les prébendes sous forme de dizaines de vice-présidences de communauté urbaine - fort bien rémunérées pour ne rien faire - qui est allé jusqu'à dire que les propositions du Front de Gauche mèneraient à l'instauration d'un régime comparable à celui des Khmers rouges au Cambodge... Khmers rouges dont on ne savait pas qu'ils étaient arrivés au pouvoir par le biais d'élections pluralistes et qu'ils avaient instauré une assemblée constituante élue au suffrage universel.
Réplique de Mélenchon le lendemain : «Il m’accuse de proposer à ma patrie un massacre de millions de personnes, s’emporte-t-il. Voilà comment on sème de la division!» /... «Occupez-vous de l’extrême droite ! Occupez-vous de Sarkozy ! Fichez-nous la paix!» (Le camp de Hollande est d'une discrétion de violette face au danger représenté par le FN... dont pourtant la plus grande partie des électeurs se rabattra sur Sarkozy au second tour).
A ce jour, personne dans l'Etat-major du candidat n'a désavoué Collomb... pas plus que ne le fit la direction du PS (elle fait quoi à propos, Aubry, en ce moment?)
Ce ne sera même pas aux électeurs du front de gauche dont pour le moment encore - mais pour combien de temps? - les intentions de report sont excellentes, de s'interroger sur la pertinence de voter "socialiste" le 6 mai.
On ose croire qu'un candidat intègre refusera vertueusement le soutien de gens "pires que le Pen" et susceptibles de transformer la France en un terrible Kampuchéa couvert de charniers, et où les survivants seraient astreints au travail forcé.
Tout semble fait au PS pour que Sarkozy repasse sans combattre vraiment, alors que la montée du FdG pousse l'ensemble des forces de gauche à un étiage qu'elles n'avaient jamais atteintes depuis deux ans (de 44 à 47%) et que (pour le moment) les intentions de report sont excellentes.
Il reste un espoir. Que d'autres socialistes, autrement lucides, en appellent à la raison et fassent mettre les pitbuls à la niche (si Hollande a suffisamment d'autorité pour cela).
Un exemple: "Montebourg... on peut négocier avec Mélenchon" (JDD). Extraits.
L’histoire des gauches depuis le Front populaire, c’est l’histoire de leur union. Nous avons l’habitude d’additionner, pas de soustraire. Quand la gauche se désunit, elle perd. Quand elle s’unit, elle gagne. Nous nous retrouvons dans la configuration de la victoire de 1981. Georges Marchais avait fait environ 15 % et François Mitterrand, 26 %. /...
Mélenchon souhaite négocier, quand Cahuzac dit que le programme de Hollande, c’est à prendre ou à laisser…
Il ne faut pas se tromper d’élection. La présidentielle n’est pas une élection de fabrication de programme. C’est une élection qui sélectionne le chef de l’État. Les législatives ont pour objectif de construire l’union des programmes. C’est dans ce cadre-là que l’on peut négocier avec Jean-Luc Mélenchon et les partis composant le Front de gauche.
Des négociations après la présidentielle?
Elles seront naturelles et se feront avec l’ensemble des partis de gauche qui auront soutenu le candidat PS au deuxième tour.
Question 1 : Hollande suivra-t-il Montebourg ou ses ayatollahs qui le tirent vers les "centristes" autant à gauche que l'auteur de ce blog est carmélite?
Question 2 : si négociations il y a juste avant les législatives (on aurait fort bien pu mettre en place dès maintenant des commissions de travail pour débroussailler le terrain), dans quelle mesure prendra-t-on en compte les résultats respectifs de chacun?
Question 3 : pourquoi dans ces conditions avoir négocié avec EELV avant le vrai début de la campagne pour les Présidentielles dès lors que ce parti présentait une candidate, et refuser le dialogue avec un partenaire potentiel qui aura un poids incomparablement supérieur?
Les tartuffes disent qu'on ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment. Je pense exactement le contraire. Hollande doit enfin choisir de quel côté il penche: vers un "centre", version light de la droite soumise aux diktats de la finance dont les électeurs ne seront de toute manière jamais reconnaissants des efforts qu'il leur concède, ou vers sa gauche? Se laissera-t-il déporter par des caciques qui, obsédés par l'impopularité inhérente à l'exercice du pouvoir sur le plan national, pensent avant tout à conserver leurs baronnies quitte à ce que l'intérêt national soit en jeu?
Ce qui est sûr, c'est qu'il ne peut gagner qu'avec un excellent report des voix de gauche. D'au moins 80% de celles qui se seront portées sur Mélenchon mais qui hésiteront si jour après jour, on les couve d'invectives.
Pour ma part, le "Tout sauf Sarkozy" ne constitue nullement un programme et si j'envisage de m'y rallier tant le personnage est dangereux, dépourvu d'intégrité personnelle, cynique et inapte à exercer la fonction, je pose quand même des conditions: qu'on témoigne assez de considération au FdG pour ne pas le couvrir d'injures: j'ai désapprouvé en son temps le "capitaine de pédalo dans la tempête": ce n'est pas pour accepter les accusations de fascisme ou de stalinisme meurtrier.
Je ne doute pas que malgré ce qui précède, Mélenchon incitera à voter au second tour en faveur de Hollande, si celui-ci est qualifié. Seulement le temps des consignes de vote est révolu: l'électeur fait ce qu'il veut, nonobstant ce que suggèrent les leaders.
Pour ma part et sans inflexion notable du PS vers plus de respect, à supposer qu'on ait un duel Sarkozy-Hollande au second tour, ce sera:
Après l'explosion du PS qui suivrait une nouvelle défaite, la reconstruction de la gauche s'imposerait... sur des bases de gauche. D'autant plus qu'un Sarkozy mal réélu et plus en situation de se représenter serait affaibli, victime des rivalités de son camp.
Oui à l'Union. Oui (par défaut) au désistement républicain si le respect mutuel est instauré. Non à la soumission face à des gens qui nous méprisent et nous insultent.
Cette note n'engage que moi et en aucune manière le Front de gauche ou ses composantes.
benjamin borghésio
Rien à voir, mais malgré tout le mal qu'on pense de sa secte et le peu de bien qu'on pense de sa campagne... Nous souhaitons ici nos meilleurs voeux de rétablissement à Eva Joly encore hospitalisée à la suite d'une mauvaise chute au moment où cette note est écrite. Idem pour Rocard, un des "ennemis favoris" de ce blog, victime d'un AVC en Suède.
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