Si vous taxez trop les riches, ils vont tous partir et finalement, on y perdra considérablement. C'est ce qu'on nous ressasse jusqu'à l'écoeurement, sans même réaliser l'énormité de la plaidoirie.
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Quand la France était engagée dans une guerre totale, il y eut de pauvres gars qui désertèrent soit par conviction pacifiste, soit parce qu'ils avaient une trouille de tous les diables non pas de perdre de l'argent (la sagesse populaire énonce que ce n'est pas mortel) mais d'y laisser leur peau ou, s'ils avaient de la chance, un ou plusieurs membres, leur gueule ou leurs poumons.
Des décennies plus tard, ils sont encore couverts d'approbre: il suffit de se souvenir du déchainement de haine de la droite lorsque Jospin suggéra que les mutins de 1917 méritaient sans doute une réhabilitation, eux qui avaient combattu courageusement trois années durant, qui avaient vu mourir des camarades, et qui ne contestaient pas l'idée de défendre la patrie: ils ne voulaient simplement plus sortir pour rien des tranchées, sous la mitraille; empêcher les boches d'avancer d'accord, se faire hacher menu dans une offensive pour le communiqué, non (Philippe Seguin, dans cette affaire, fut très mal inspiré de porter le fer contre ces hommes).
Même ceux qui ont quitté leur pays pour ne pas collaborer à une guerre coloniale indéfendable sur le plan moral sont mal vus. J'ai un ami brésilien d'origine portugaise qui a fui Lisbonne pour ne pas massacrer des Africains au cours de cette sale guerre intermibable que Salazar menait en Angola et au Mozambique (guerre qui, en outre, maintenait le Portugal dans le sous-développement tant elle coûtait cher). Il n'est jamais rentré - autrement que pour de courts voyages - parce qu'il sentait une réprobation contre le déserteur qu'il était - alors même que le peuple portugais réprouvait majoritairement ce conflit et a de ce fait changé de patrie. Et quid des insoumis de la guerre d'Algérie?
Mais envers les déserteurs fiscaux, il ne faudrait éprouver que de la compréhension - voire de la compassion. Voilà des individus qui s'exonèrent du devoir de tout citoyen, dans toute démocratie: payer l'impôt dont les modalités ont été définies par la loi, et dont c'est un postulat pour beaucoup, d'affirmer qu'ils sont peut être dans le vrai, qu'il faut les comprendre!
Prenons l'exemple d'un pays certainement pas spécialement inquisiteur sur le plan économique, pas soviétisant... Vous êtes un citoyen des Etats-unis? Vous devez des comptes au fisc américain où que vous soyez dans le monde. Eh bien pour limiter l'évasion fiscale, inspirons nous de cet exemple.
Décidons que tout citoyen français, où qu'il soit, quels que soient ses revenus, fera une déclaration au fisc français même s'il paye ses impôts dans le pays de résidence et ensuite, examinons les différents cas de figure. D'abord, dans tous les cas, il bénéficierait alors pleinement de la protection française (dès lors qu'il paye ses cotisations sociales à hauteur de ce qu'elles seraient en France - part patronale et personnelle -, il toucherait les prestations, RSA excepté*. Cela, pour les expatriés de condition modeste, représenterait incontestablement un "plus")
** On peut réfléchir à ce problème, mais c'est le cas de nos jours: légalement le RSA est réservé aux résidents sur le territoire national - seulement des fraudeurs parviennent à le percevoir et, dans certains pays où le coût de la vie est inférieur, ils mènent une existence de nababs.
Ensuite, ou il paye autant voire plus d'impôts et de taxes dans son pays d'accueil et notre fisc ne lui réclamera rien: pas question de spoliation. Ou il paye moins, et il s'acquittera de la différence auprès du Trésor français. En cas de refus, de fausse déclaration, de dissimulation, après des sanctions graduées (pas trop: échéance rapide), la conséquence sera...
La déchéance irréversible de la nationalité française.
Que notre Coblençard fiscal broute l'herbe de son pays d'accueil, on n'y peut rien. Mais que quand ça l'arrange, il ne vienne pas se gaver avec le foin de la mère patrie! Je me souviens encore - avec écoeurement - de ces reportages sur les winners partis faire péter la thune en Irlande pour profiter du dumping fiscal et social de ce pays, mais qui, au premier pépin de santé, rentraient au bercail pour profiter de notre système de santé financé par les losers que nous sommes. Ce sont les mêmes qui, lorsque les banques irlandaises en faillite les ont virés, sont revenus en france pour profiter de dispositifs pour lesquels ils n'ont nullement cotisé.
Le corollaire de la liberté, c'est la responsabilité: choisir de ne pas contribuer à un effort national au prorata de ses possibilités, c'est renoncer aux avantages qui en découlent. Comme nous ne sommes pas des bourreaux, nous excepterons les soins d'urgence de ces limitations dès lors que le devenu étranger ou apatride réside sur le sol français, comme pour tout un chacun. Pas davantage.
Nous avons eu droit ce matin aux larmes de crocodile de Guy Forget, ex "sélectionneur de l'équipe de FRANCE de Coupe Davis", coblençard fiscal que nous payons (très bien) mais qui réside en Suisse pour ne pas payer d'impôts, ainsi que la quasi totalité des joueurs de cette équipe "française". A gerber.
Faut-il aussi parler de cet artiste devenu une épave à force d'addictions, émigré lui aussi en Suisse pour faire péter la thune mais qui vit profite de notre Sécu? Qui malgré son énorme fortune bénéficia un temps du régime des Intermittents du spectacle?
Il faudrait "renégocier les conventions fiscales avec de nombreux pays, et ça prendrait du temps", objecte-t-on. Oui. Quelques minutes
Parce que le point de départ de la négociation, c'est qu'il n'y aurait pas de négociation. Que des états voyous dont trois au moins jouxtent nos frontières s'enrichissent avec l'évasion fiscale comme d'autres avec le trafic de drogue, nous n'y pouvons pas grand chose (on ne va pas leur déclarer la guerre). Pour le reste, qu'ils s'arrangent avec ceux qu'ils ont accueillis.
benjamin borghésio.
Ce point de vue n'engage que moi, et en aucune manière le candidat que je soutiens pour les présidentielles à venir.
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