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Sentiments mêlés. Soulagement quand on pense à ce qui serait advenu du pays dans le cas contraire. Aucune satisfaction quand on voit la politique promise par le concurrent (il y a quelque chose d'irrationnel dans la "peur" ressentie par la plupart de ses adversaires qui ne verront rien changer quant au fond, sur l'essentiel).
"Il" a fait discours d’adieu qui sent davantage l'Île d'Elbe que Sainte-Hélène** (il n’a fermé aucune porte... il suffit d'en relire les termes attentivement), mais ce laïus ne fut pas le pire, loin de là, parmi ceux qu'il commit durant cinq ans. Seulement l'entendre parler de tolérance et de respect, déplorer qu'une fonction qu'il ne cessa de dégrader par son comportement n'ait pas été respectée, c'est un peu comme entendre Benoit XVI qui déclamerait du Sade dans le texte, depuis le balcon de la place Saint-Pierre. Mais tenons nous en à la forme.
Si le sortant avait gouverné avec l’état d’esprit et sur le ton de ce discours, nous aurions été nombreux à nous situer dans le cadre d'une opposition sans concession, mais sur un plan strictement politique, en respectant la fonction et celui qui l’incarnait. Seulement le respect ne se commande pas: il se mérite. C’était ça, le problème…
Pour le reste… sous réserve de comptes éventuels à rendre à la justice par le principal intéressé et ses séides, si effectivement le sortant n'a rien à se reprocher, s'il prend le large en quittant la politique, qu’il ait le droit à l’oubli.
Nous avons assez souffert de ses outrances et de ce climat de guerre civile, de haine de classe qu'il a entretenu dix années durant, pour ne pas faire preuve de masochisme en le perpétuant.
A propos de ces comptes à rendre à la justice, je crains le pire tant les vainqueurs du moment semblent faire preuve d'une discrétion de violette à propos des questions qui fâchent: les financements de campagnes en 1995 et 2002, Karachi, Takieddine, etc. Un "Yalta de l'omerta" se préparerait que je ne serais nullement étonné.
Bis repetita, je pense à ceux qui, à mon avis, se trompaient en soutenant le sortant, mais qui ont le droit souverain en démocratie d'exprimer leurs opinions et de promouvoir la société qu'ils souhaitent dès lors qu'elle ne rejette pas les valeurs humaines essentielles.
Ils sont a minima déçus et je leur adresse ma sympathie si leur choix était fondé sur des valeurs et pas des intérêts égoïstes (dans ce cas, je n'ai rien à cirer de leur déception: les petits calculs mesquins ne font pas bon ménage avec la Politique au sens noble du terme). Mais sinon, j'ai été assez souvent dans le camp des cocus de la politique pour savoir ce qu'ils ressentent (d'ailleurs à ce jour, je n'en suis pas sorti)
Dimanche, je n'ai à aucun moment éprouvé le désir de me rendre à la Bastille. Je ne fais pas partie des vainqueurs car la politique que j'appelle de mes voeux ne sera pas mise en oeuvre durant le quinquennat à venir - sauf bouleversement institutionnel.
Demeurant viscéralement de gauche, je ne me reconnais absolument pas dans le programme de celui qui n'a eu que le mérite de sortir le précédent en plus, sans doute (mais ce n'est pas difficile) d'inspirer davantage d'empathie (on l'a vu à Tulle dimanche soir). L'étape suivante consistera à le juger sur ses actes, sans la moindre concession, et à exercer une pression constante à sa gauche dans l'intérêt de ceux qui sont en permanence les dindons de ce qui est tout, sauf une farce.
A venir - parce qu'il ne sera pas dit qu'on fait preuve ici d'un sectarisme haineux - une note sur les rares points positifs du quinquennat passé (la liste ne sera pas longue). Pour le reste (c'est à dire l'essentiel) il suffit de plonger dans les entrailles de ce blog et de consulter ici ou là liste des méfaits accomplis pendant ce moment sulfureux de notre histoire. Pas une des "pages parmi les plus sombres" comme cela s'écrit ici ou là: il est absurde d'atteindre le point Godwin. Mais sans nul doute une des moins glorieuses, quand celui dont la fonction principale était de tenter de maintenir la cohésion nationale ne cessa d'exacerber les clivages, les haines et les divisions à des fins politiciennes.
benjamin borghésio
** Complément sous forme de rectificatif, édité en fin de journée
Des informations communiquées par la presse font état d'un retrait définitif de la politique annoncé à ses acolytes de l'UMP par le sortant. A suivre...
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