Dans le contexte actuel, de non remise en cause de l'ensemble du système social et économique ?
Référence : Le pouvoir d'achat va baisser fortement en 2012 (lemonde.fr)
Précisons que l'on parle de pouvoir d'achat moyen. Comme les inégalités n'ont cessé, depuis trois décennies, de se creuser, on peut sans extrapoler estimer que les plus défavorisés souffriront encore davantage que ce que disent les statistiques.
Une des marques de fabrique de la politique électoraliste de Sarkozy, c'était de s'attacher quoiqu'il en coûte le vote des retraités. Pour cela, il a garanti l'échelle mobile des retraites à des gens dont la situation est certes très contrastée mais qui, en moyenne, gagnent désormais un peu plus que les salariés qui les font vivre puisque nous vivons en régime de répartition: les pensions sont financées par les cotisations des actifs.
La seule vraie mesure sociale qu'il prit (et qu'on ne lui reprochera pas), c'est la hausse substantielle du minimum vieillesse... auquel renoncent un grand nombre de petits retraités soucieux avant tout de léguer leur patrimoine à leur descendance (Or ce genre de prestation sociale peut être récupéré par la puissance publique dans le cadre de la succession)
Résumons. Des retraités sont désormais dans l'aisance réelle ou relative, d'autres vivent dans des conditions qui relèvent de la pauvreté, voire de la misère. Tout comme des salariés... qui en plus ont des frais professionnels et souvent des enfants à nourrir et à éduquer (ce qui n'est en général plus le cas des retraités). Alors qu'on assimilait âge et pauvreté il y a quelques décennies, ce n'est plus le cas: le pouvoir d'achat des inactifs est devenu légèrement supérieur à celui des actifs... qu'on somme de faire toujours plus d'efforts "au nom des grands équilibres"
Des retraités sont aisés, qui en outre ont acquis leur patrimoine, élevé leur progéniture, et sont favorisés fiscalement... on se demande pourquoi (maintien de la demi part "pour avoir élevé des enfants dans le passé", taux de CSG plus bas alors qu'ils sont plus gros consommateurs de prestations sociales sans compter une série d'avantages dont on perçoit mal l'opportunité autre que clientéliste: pourquoi une carte "senior" à un retraité très aisé, qui lui permettra de payer ses billets de SNCF 30% moins cher, quand un SMICARD actif paye plein pot pour lui et pour ses gosses s'il n'en a pas assez pour obtenir la carte "famille nombreuse"?)
Qui dit hausse du chômage dit salaires tirés à la baisse: on n'est pas en position de négocier quand on sait que des centaines de personnes désirent votre poste. Donc, les cotisants perdont du pouvoir d'achat au profit des retraités qui verront le leur garanti... et en outre pour combler les déficits c'est sur les actifs que portera le gros de l'effort.
Tous les germes sont réunis pour un conflit de générations, quand les actifs seront sommés de cotiser plus et de travailler plus longtemps pour assurer la rente des "seniors" dont le pouvoir d'achat sera supérieur et les charges moindres: nul ne peut prédire ce qu'il adviendra de ce déséquilibre.
Dans le cadre économique et social actuel, il est illusoire d'attendre des socialistes qu'ils changent la donne en profondeur dans le cadre d'une vraie justice sociale (le voudraient-ils que le carcan européiste dans lequel ils se sont fourrés les en empêcheraient). Au moins, on pourrait dégager quelques pistes "réformistes".
Suppression de la demi part octroyée aux "ex parents" et affectation à l'euro près de la somme ainsi récupérée aux parents qui ont toujours des enfants à charge.
Alignement du taux de CSG des retraités sur celui des actifs.
Tant que la situation est tendue, faire évoluer les pensions de retraite de manière différenciée: faire croître les plus basses plus vite que l'inflation, faire croître une tranche intermédiaire comme cette dernière et créer un plafond: tout ce qui est au dessus de ce dernier ne sera réévalué que quand les finances publiques le permettront sans augmenter le poids qui pèse sur les actifs.
Il est évident que ces mesures doivent être étalées dans le temps: l'unification du taux de CSG peut être opéré rapidement, de même que le nouveau mode de calcul de réindexation des pensions. En revanche la réforme du quotient familial doit être progressive pour qu'une génération ne se retrouve pas "doublement couillonnée", peu aidée au cours de sa vie active et avec un avantage supprimé à la retraite. De toute manière c'est l'idée même de quotient familial qui doit être repensée, pour plus d'équité. Nous reviendrons sur cette question, spécificité française et fausse bonne idée.
benjamin borghésio
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