Le Palmipède révèle une partie de la face émergée de l'iceberg...
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Parce que les connaisseurs du contexte savent qu'il s'en passent de belles et pas que dans la police: sont également concernées la gendarmerie, la douane, l'administration fiscale, la préfectorale (services de l'immigration en particulier), etc.
L'Inspection générale de la police nationale (IGPN, communément appelée "boeuf-carottes") serait invitée, par mesure d'économie, à prendre des abonnements sur la ligne Paris-Cayenne (voire à ouvrir une antenne sur place mais cette dernière ne serait-elle pas vite corrompue vu le contexte local?
Tout d'abord il faut signaler que la poulaille guyanaise n'est pas trop mal lotie, comme l'ensemble des fonctionnaires: majoration de salaire de 40%, abattement de l'impôt sur le revenu de 40%, prime d'éloignement très substantielle pour ceux qui demandent leur mutation en Guyane, trois années comptant quatre pour le calcul de la pension de retraite, etc.
A peine un commissaire très prometteur - Cyril Alavoine - a-t-il quitté Cayenne pour Fort-de-France que son successeur pas au fait des moeurs locales découvre que des saisies lors de perquisitions se sont volatilisées au sein même du commissariat. Saisies qui - c'est plus grave encore - n'avaient pas été mises sous scellés. Quelques temps auparavannt, les pandores de Kourou venus procéder à une arrestation à Cayenne avaient découvert lors de la perquisition afférente de l'argent suspect ainsi que vingt cartouches de cigarettes chez une commerçante d'origine chinoise, le lieu supposé où se cachait leur suspect. Ces biens n'ayant aucun rapport avec leur affaire et Cayenne étant en zone police, les gendarmes ont signalé le fait aux policiers qui ont saisi le tout... sans le mettre sous scellés.
Or, 8.500 euros en espèces pour une commerçante (qui gère le bazar "la Conscience", ça ne s'invente pas!), de surcroît dans un département où le paiement en numéraire est chose courante et vingt cartouches de cigarettes pour une vente au détail, cela n'a rien de très choquant. Quand la dame a réclamé son bien - d'abord seule puis assistée d'un avocat - elle s'est vue opposer une fin de non recevoir ("prouvez nous la bonne origine de ces fonds!") L'avocat de la plaignante ayant saisi le Procureur et ce dernier s'étant étonné, le nouveau commissaire entreprend de faire l'inventaire... et ne trouve qu'environ 3.000 euros dans le coffre, sans aucune indication d'origine. Plainte justifiée de notre commerçante, et tant le nouveau procureur que le nouveau commissaire diligentent une enquête interne en faisant mitonner Cyril Alavoine, lequel concède une négligence coupable et offre d'indemniser la dame sur ses deniers personnels (la suite démontre que ce gradé fit preuve d'une négligence coupable - pas de surveillance des procédures et des scellés - mais pas de malhonnêteté: ruiner une carrière prometteuse pour si peu est inconcevable)
Les boeuf-carottes interrogent tour à tour les flics de Cayenne et finissent par découvrir à quoi ont servi les 5.000 euros manquants: à construire un "carbet" (sorte de bungalow) sur la rivière Comté, lieu de détente très prisé dans la région, utilisés par les policiers en congé. Cerise sur le gâteau, le carbet a été inauguré par les autorités préfectorales et la gendarmerie... alors que construit avec e l'argent volé, sa mise en oeuvre fut effectuée par une société employant au noir des Brésiliens en situation irrégulière, le société étant elle même dans l'illégalité! (affaire déjà évoquée sur ce blog)
Le pauvre Alavoine se voit dégagé de son poste en Martinique, et placardisé par Guéant (février 2012) à Paris, dans un cagibi de la sécurité civile, selon la procédure très connue en outre-mer des "vols bleus", expression qui date du temps où le Préfet pouvait "dégager" tout fonctionnaire d'un DOM, sans invoquer d'autre motif que le "trouble possible à l'ordre public". Toutefois la Proc ne lâche pas l'affaire et il comparaîtra devant le tribunal de Cayenne pour "vol et détournement de biens publics"
Sinon le Canard signale comme exceptionnels des faits qui défraient habituellement la chronique locale: un policier de la BAC qui fait la java en pleine nuit, s'alcoolise abondamment, klaxonne à qui mieux mieux dans Cayenne. Deux malheureux qui tentent de dormir sollicitent un peu de calme... mâchoire fracturée pour la dame, côtes fêlées pour son frère. Réquisition: un an de prison avec sursis, jugement attendu en septembre mais de toute manière, vol bleu et carrière brisée. Un an plus tôt, toujours bourré, un autre policier ivre s'était amusé à mettre son pistolet chargé dans la bouche d'un quidam et avait aussi été "dégagé par vol bleu" - ce qui explique la sévérité du Parquet qui commence à avoir assez de ces comportements
Les DOM, décidément, ça ne porte pas bonheur. L'ex directeur de la sûreté urbaine, Jean Maussand, depuis muté à Mayotte a échangé de nombreux coups de fil avec la mère d'un mis en examen pour meurtre... ce qui ne plait pas aux boeuf-carottes à l'esprit mal placé, qui le soupçonnent d'avoir transmis des éléments de l'enquête: vol bleu, garde à vue, procédure qui suit son cours.
On citera aussi un dingue de la brigade motorisée urbaine contrôlé à 220km-h par les pandores, faisant la course avec d'autres flics (hors service... quand même, mais sur les véhicules de fonction). Un autre qui a grillé un feu en pleine ville avant de finir avec ses collègues les roues en l'air sur la célèbre Place des palmistes.
Il y eut aussi l'histoire du policier de la PAF qui, au centre de rétention, proposait aux jeunes Brésiliennes de les renvoyer dans la ville de leur choix contre une gâterie. La plaisanterie dura jusqu'à ce que l'une d'elle, choquée, présenta comme preuve du délit une capote usagée dont l'ADN ne pouvait mentir. Six mois de taule et révocation malgré un système de défense des plus audacieux: la vilaine Brésilienne aurait récupéré la capote dans une poubelle après qu'il se soit livré au plaisir solitaire (en service)
Il sera temps, à d'autres moments, de parler de la gendarmerie et des douanes.
benjamin borghésio
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