Aussi dirai-je ma vérité par rapport au positionnement de Mélenchon eu égard de Chavez et de son régime: il déconne!
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Il se trouve que je connais assez bien le contexte venezuelien (j'ai voyagé longuement là-bas), et que j'ai des amis qui vivent près de Caracas, avec qui je suis en contact permanent. Amis incontestablement de gauche dont je ne doute pas que s'ils sont voté en mai 2012, ce fut pour Mélenchon.
Mais là, cette apologie de Chavez par Mélenchon, ça ne passe décidément pas!
Entendons-nous : le Commandante n'est absolument pas le dictateur qu'une certaine presse se complait à décrire: ils sont rares, les dictateurs qui laissent une opposition s'exprimer, allant jusqu'à les traiter de macaques, à inciter quasiment tous les jours au meurtre du président élu. Ils sont rares les régimes qui ont institué un référendum révocatoire (conditionné par une pétition) auquel le président s'est soumis quand l'opposition a tenté d'employer ce moyen constitutionnel pour le débarquer.
Ils sont rares, les dictateurs qui furent victimes d'un putsch dont les auteurs, qui ont raté leur coup, sont toujours vivants et en liberté après une courte incarcération décidée par la justice. Il fallait que ce soit écrit, c'est fait.
Cela dit, Chavez a de nombreux défauts dont le principal est l'incompétence crasse, appuyée sur un populisme très efficace qui aide à la masquer. Le Venezuela bénéficie d'une manne céleste à travers le pétrole et le gaz (sans compter une agriculture qui compte et d'autres ressources) qui, bien employée, ferait de ce pays une grande Suisse.
Or plus de dix ans après l'accession de Chavez au pouvoir, les médecins qui soignent (bien) les Venezueliens des quartiers déshérités sont toujours des Cubains "loués" au gouvernement de la Havane (qui prélève sa dime au passage): on n'a pas encore formé de Venezueliens à la médecine, au profit du système de santé public. Le problème est tel que le propre président, Chavez, doit faire soigner son cancer à... la Havane.
Le système éducatif public est toujours lamentable, que ce soit l'école primaire ou les universités: les nantis s'en moquent, qui envoient leur descendance étudier à Miami ou dans d'autres capitales latino-amricaines. Caracas est toujours aussi peu sûre et dans les campagnes, la réforme agraire toujours promise est sans cesse reportée.
En clair, les Venezueliens vivent de leur rente du moment, mais aucune réforme structurelle ne fait de leur nation un pays développé et ouvert sur le monde. Pour parler clairement... ce n'est pas la conception que je me fais du socialisme. Et je comprends mal que Mélenchon puisse s'émerveiller des débordements d'enthousiasme qui confinent au culte de la personnalité quand ça se passe à Caracas, alors qu'il morigène ceux qui sont tentés de s'y adonner en France vis à vis de lui (même en tenant compte - je sais faire la part des choses - du folklore local): dans ces meetings, ceux qui criaient "Mélenchon, Président" se faisaient engu..., le slogan rituel étant: "avec Mélenchon, présidons"
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Cela étant dit, opportunité m'est donnée de cracher sur les quelques parfaits salauds de droite qui font l'amalgame entre Le Pen et Mélenchon, et qui font mine de soupçonner ce dernier de complaisance avec l'antisémitisme. Il y a certains compagnonages de l'UMP (ne serait-ce qu'avec le sieur Buisson) qui devrait pousser les membres de ce parti à la modestie en ce domaine (de même que la jeunesse de pas mal d'entre eux)
Quelles sont leurs "munitions", à ces tristes sires? Un candidat aux législatives dont le blog était ambigu, qui s'est vu retirer immédiatement l'investiture "Front de gauche"; un soutien à Mikis Théodorakis, héros de la Résistance grecque qui a sauvé d'innombrables Juifs, héros de la lutte contre la Junte (incontestablement antisémite) mais qui, devenu un très vieux Monsieur, a commis l'erreur, dans UN écrit, d'assimiler antisémitisme et antisionisme quand il prit la défense des Palestiniens. Théodorakis s'est d'ailleurs expliqué sur cette affaire et a présenté des excuses sans rien retirer - et je le rejoins - à la sévérité de son jugement vis à vis d'Israël. A ce compte là on se souviendra qu'une pareille mésaventure était survenue à l'abbé Pierre au soir de sa vie, qu'on n'a pas jeté aux ordures pour autant.
Attendons sans nous faire d'illusion le procès pour diffamation lancé par Mélenchon: sous couvert de respect de la liberté d'expression, il devient de plus en plus facile de calomnier les gens vraiment à gauche.
benjamin borghésio.
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