Rarement le désenchantement sera survenu aussi tôt : l'antisarkozysme est certes un sentiment très sain compte tenu du personnage, mais il ne constitue pas une politique.
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Il faut que Hollande comprenne qu'un pays en crise ne se gouverne pas comme on administrait le Parti Socialiste à coup de "synthèses" et de dosages subtils, en repoussant sans cesse les questions qui fâchent. Ca ne marche plus, et la spirale descendante est entamée à un rythme tel qu'on voit mal comment le pouvoir redressera la pente. La méthode Hollande - créer une commission ou initier des "états généraux" dès qu'une question est soulevée - atteint là ses limites et c'est d'autant plus révélateur que sont les plus touchés des ministres qui logiquement devraient être épargnés par ce désenchantement. Par exemple...
Peillon est un des rares à pouvoir annoncer des créations nettes de postes, mais son annonce de grands "états généraux de l'Education" l'a démonétisé. Des évaluations, des concertations, il y en a eu des tas: sous la gauche, sous la droite, avec des solutions "de gauche", "de droite", "centralisatrices", "allant vers plus d'autonomie", libérales ou ayant le sens de l'intérêt public, visant la formation des enseignants, j'en passe et des meilleures. Il est temps non pas de refaire du blabla, mais de prendre ses responsabilités (d'autant plus que le ministre est certainement un des hommes qui connaît le mieux la boutique, ses attentes comme ses besoins).
Duflot qui s'est auto-torpillée avec son attitude infantile d'ado acnéique atteinte de twittage compulsif et de tenues provoquantes au point de n'avoir déjà plus aucune crédibilité, dont la chute dans les sondages démontre aisément que le soutien d'EELV n'est qu'un boulet, Hamon que le positionnement à gauche devrait protéger, etc.
Un exemple illustre parfaitement l'hypocrisie et le manque de courage de cette équipe: le prix des carburants. Il y avait trois manières de gérer le problème.
- Faire preuve de courage politique en disant que le pétrole facilement prospectable se raréfiant, la vérité des prix doit être maintenue pour inciter à en consommer moins (quitte à aider les gens à trouver des substituts en améliorant les transports en commun, en accélérant les travaux d'isolation, etc. Voire en soutenant les plus précaires - travailleurs de condition modeste vivant dans des zones non desservies par un réseau public avec des aides personnalisées). C'est la position d'EELV et pour une fois, je la partage.
Encore faudrait-il ne pas exiger en parallèle la fin du nucléaire, et le refus des gaz de schiste doit être accompagné d'une réflexion. "Gaz de schiste ni ici, ni ailleurs" disait-on avec justesse: il faudra, en plus de ne pas prospecter en France, se refuser à en importer, faute de quoi nous serions d'une rare hypocrisie.
- Ou bien tenir la promesse de campagne (blocage des prix) et pour cela, rogner sur les rentrées fiscales liées à la vente des carburants et du fioul... Ce qui suppose trouve des recettes ailleurs et avoir le courage de l'annoncer. Parce que dans le cadre d'une économie mondialisée que le PS a acceptée, il est impossible de contraindre les pétroliers à vendre à perte, ou même en faisant moins de bénéfices: la demande est telle qu'ils cèderaient leurs produits ailleurs, là où on les achèterait aux cours mondiaux et nous aurions une pénurie totale. Même Total ne peut être contraint à quoique ce soit, son capital étant presque totalement aux mains d'actionnaires privés (et si la privatisation fut initiée par la droite, elle fut achevée sous l'ère Jospin / Strauss-Kahn qui ont renoncé à la minorité de blocage).
- On pouvait au moins reprendre, sur le plan fiscal, la méthode Jospin, à savoir une TIPCE "flottante": à chaque fois que le brut augmente, les recettes de TVA sur les produits pétroliers grimpent en flèche. On peut donc abaisser d'autant la TIPCE (taxe sur les produits pétroliers) sans que l'Etat ne perde de ressources. L'attentisme gouvernemental fut d'une rare hypocrisie puisque il permit d'engranger plus d'un milliard de recettes supplémentaires en deux mois, en ponctionnant les ménages au moment où ils n'avaient le choix que de passer à la caisse ou de renoncer à partir en vacances. On s'oriente apparement dans cette direction, mais après ce rush. Trop tard et trop peu... unanimité contre.
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