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Si on m'avait dit qu'un jour je prendrais la défense de Valls, qu'on assimile à Sarkozy et à son sinistre discours de Grenoble (qui nous a valu une condamnation par les instances européennes), j'aurais rigolé tant je considère que ce type est socialiste comme moi, je suis carmélite. Dans ce discours de Grenoble, l'ex ne s'était livré qu'à une stigmatisation sur des critères ethniques - ce qui était fort de café venant du candidat élu en se présentant comme un petit Français de sang mêlé.
C'est quoi, le problème Rom ? (pour ceux qui se gargarisent d'ethnicité, surtout quand c'est pour vomir leur haine de l'autre) Pour la plupart, ces malheureux sont issus de Roumanie, dans une moindre mesure de Bulgarie et de Hongrie, où ils sont stigmatisés voire persécutés (les associations internationales défendent régulièrement leur cause dans l'indifférence... les Roms en sont - c'est dire ! - à regretter Ceaucescu qui leur avait donné de facto un statut, un rôle dans la communauté nationale avec des activités professionnelles réservées)
Très curieusement, la Roumanie a pu entrer dans l'UE alors que les conditions d'adhésion prohibent formellement ce genre de comportement (il est vrai que plus rien ne nous étonne lorsque le sinistre Orban qui préside aux destinées de la Hongrie peut déclarer au grand jour sans susciter de réaction que pour son pays, il faut trouver un autre système que la démocratie.). Sans doute fallait-il fournir rapidement aux entreprises une main d'oeuvre à coût peu élevé, et sans droits sociaux, ou peu s'en faut. Ces pays de l'est faisaient l'affaire!
En conséquence, les Roms fuient leurs pays, et se réfugient dans d'autres contrées latines par similitude de langues - et la France en fait partie. La Roumanie n'est pas intégrée dans l'espace Schengen (quand même!): donc ses ressortissants peuvent librement accéder au territoire français, mais pour une durée limitée dans le temps et sans droit automatique au travail. Dans ces conditions, c'est forcément, dans le meilleur des cas, la précarité.
Dans le pire, la délinquance... d'autant plus que ces centaines de pauvres hères sont sous la coupe de mafias impitoyables qui exploitent enfants comme adultes contraints de ramener la comptée quotidienne, faute de quoi c'est le tabassage, le viol de la soeur devant le "contrevenant", les représailles sur la famille restée au pays, etc. D'où la mendicité, le vol à la tire, la prostitution, d'autres formes de délinquance comme le vol de métaux, etc.
Situations bien entendu inacceptables pour les victimes - mais ces victimes sont le souvent les auteurs! Quand un flic arrête une pickpocket roumaine de 13 ans, prise avec un portefeuille dérobé à la tire, il sait que s'il la met en garde à vue, des représailles cinglantes toucheront la fratrie parce qu'elle perd une journée de "travail". Parfois (c'est aussi un père de famille), écoeuré, il restitue le portefeuille à son propriétaire avant de libèrer la gamine.
On peut s'étonner du fait que la plus grande gare de France et ses alentours soient le terrain de chasse de pédophiles dont l'impunité est garantie de facto, quand bien même ils abordent des gamins en plein jour pour les emmener dans un hôtel voisin. S'il n'y avait pas de demande, il n'y aurait pas d'offre et au lieu d'ouvrir un débat métaphysique sur une hypothétique abolition de la prostitution à laquelle personne ne croit, on pourrait agir rapidement en sanctionnant durement le pédocriminel: l'outil législatif existe, parfaitement "calibré" pour être dissuasif. Il faut avoir une culotte propre pour grimper au mat, et avant de stigmatiser, notre société se doit d'être irréprochable.
Devant cette situation, voilà ce qu'a déclaré Valls.
Le ministère de l'Intérieur a assuré mercredi 8 août que les expulsions de campements illicites décidées par la justice seront effectuées "avec fermeté", mais en précisant que les préfets avaient reçu instruction de "mener un travail de concertation préalable". Après avoir rappelé, dans un communiqué, que les décisions d'évacuation interviennent toujours au "terme de procédures judiciaires (...) fondées sur des dossiers circonstanciés", le ministère souligne que les "décisions administratives de concours de la force publique et d'évacuation seront prises à chaque fois qu'elles s'imposeront, et avec fermeté".
Attend-on du ministre de l'Intérieur qu'il annonce qu'une décision de justice n'a pas vocation à être respectée? La concertation est-elle condamnable dès lors que quand on déloge quelqu'un il faut bien, dans une société tant soit peu civilisée, s'assurer qu'il a un endroit où aller? La "nuance" avec le discours de Grenoble, c'est que ce dernier ne se référait ni à des décisions de justice, ni à un quelconque suivi social et humain!
Elles le seront "en considération des circonstances et difficultés locales et tout particulièrement des risques sanitaires", parce que "les campements insalubres sont inacceptables", explique l'Intérieur. En outre, relève-t-il, "souvent situés au coeur de quartiers populaires, ils sont aussi un défi au 'vivre-ensemble' qui ne doit échapper à personne".
Effectivement, ce genre de situation touche rarement Marne la Coquette, Neuilly ou même les quartiers bobos de Paris.
"Au-delà de la fermeté nécessaire, dans le respect de la dignité des personnes, le ministère de l'Intérieur est également engagé dans une réflexion plus globale sur la situation des ressortissants originaires d'Europe de l'Est vivant dans ces campements", indique le communiqué.
"A ce titre, les conditions de l'aide au retour proposées lors des éloignements des personnes ne remplissant pas les conditions du séjour seront remises à plat", annonce la place Beauvau, sans préciser de quelle manière ni quand.
De même, "concernant l'accès au travail, le ministère de l'Intérieur procède conjointement avec (celui) du Travail à un examen objectif des mesures 'transitoires', restreignant les conditions d'accès au travail". Parallèlement, "les expérimentations d'accompagnement sanitaire et de scolarisation des enfants menées dans plusieurs villes de France, en lien avec les collectivités et le milieu associatif sont en cours d'évaluation".
Là, en revanche, je m'interroge. Il me semble que la diplomatie et le ministère des Affaires européennes en particulier sont au moins autant concernés, pour amener les pays d'origine à respecter les engagements formels qu'ils ont contractés en matière de respect des droits de l'homme, pour éradiquer une partie du problème à l'origine par la fin de la discrimination et le démantèlement des réseaux mafieux dont sont victimes les émigrés roms (et le fait que ces mafias soient le plus souvent dirigées par des membres de la communauté n'enlève rien à la problématique).
L'UE, si prompte à décerner blâmes et amendes pour des vétilles, serait fort bien inspirée en sanctionnant le pire, voire en déclenchant des procédures d'exclusion. S'il faut se créer des outils pour cela, faisons-le, et vite!
Point final qui ne fait pas débat: en France, quelle que soit sa situation, la place d'un enfant, c'est l'école et la scolarisation de ces gosses n'est pas plus discutable que celle de tous les autres. Cela va sans dire, mais beaucoup mieux en le disant surtout que c'est nécessaire: des maires ont à cet égard un comportement inqualifiable.
benjamin borghésio
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