Le danger que fait courir Facebook à la société est d'autant plus difficile à cerner qu'il revet de multiples facettes, dont beaucoup sont contradictoires.
______________________
Le moins grave... Le plumage des actionnaires gogos qui ont une fois de plus cédé au mirage de la bulle spéculative: facebook, après tout, ce n'est "qu'un" réseau social certes très prisé, mais dont l'existence à long terme est sujette à caution comme tout ce qui procède de l'Internet. Qui se souvient de Myspace, autre réseau promis à un avenir radieux. Et quid de Yahoo ? Autre paramètre... le manque de lisibilité de la politique de l'entreprise, qui achète pour un milliard de dollars une autre société qui offrait un service gratuit et relativement confidentiel... Ils sont nombreux, les connaisseurs qui estiment que facebook pouvait créer elle même un service offrant les mêmes potentialités, pour beaucoup moins cher. En août, le cours de l'action est tombé à moins de la moitié du prix d'introduction... gageons que la différence n'a pas été perdue pour tout le monde. A noter que les rats commencent à quitter le navire.
Facebook propose un réseau gratuit, les ressources étant générées par la publicité et la vente de "profils consommateurs" (sans que ces derniers ne sachent clairement qu'ils sont scrutés, disséqués et analysés. Pour ma part, depuis que j'ai fermé mon compte, qui ne servait qu'à faire connaître les notes de ce blog, je suis incroyablement moins sollicité par des pourriels de toute nature - mais qui approchaient effectivement peu ou prou mes pôles d'intérêt). Seulement, il semble avoir occulté le fait que les connexions se font désormais en majorité par le biais de la téléphonie ("smartphones") et que par cette voie, l'usager ne reçoit aucune démarche!
Alors le chiffre d'affaire peut croître tout comme le nombre d'usagers (on approche du milliard, paraît-il, mais le nombre de comptes faux est impossible à évaluer, les fourchettes variant de 10 à 25%), les bénéfices ne suivent pas et dans le monde capitaliste, c'est ce qui compte.
On a assez glosé sur les dangers liés à des utilisations "irresponsables" de facebook en citant l'exemple désormais bien connu des chasseurs de tête qui chinaient sur le réseau pour dégoter LA photo de LA soirée où, un peu éméché, vous avez montré vos fesses à une assemblée hilare... preuve évidente de votre manque de fiabilité (même si c'est une photo de jeunesse piquée sur un vieux disque dur).
Maintenant, a contrario, on utilise contre vous le fait de ne pas avoir de compte facebook! Quel est cet ermite, ce misanthrope, qui n'a pas son réseau, ses "amis" qui le "likent"? Les mêmes chasseurs de têtes qui scrutent vos divers profils vous censureront si... vous n'en avez pas. Des "experts" sentencieux on noté que Breijkvik, le tueur dingue de Norvège, n'avait pas de compte facebook et en ont tiré des conclusions... En clair, il vaut mieux avoir 200 "amis" virtuels qu'on n'a jamais croisés, qu'une vingtaine de bons et solides copains qui sont bel et bien dans votre vie - et je ne parle pas de la famille.
Devant le piétinement de la marque, conscient du fait que s'il rend son réseau payant celui-ci s'effondrera en quelques semaines, Zuckerberg fait feu de tout bois pour innover avec une étude de logiciel de "reconnaissance faciale" qui permettra de vous identifier, à terme, dans un endroit lié à facebook. Ca, Big Brother lui même n'y avait pas pensé... Certes comme depuis toujours la firme reste apaisante, parle "d'option", mais on imagine la caméra qui vous scrutera, vous reconnaîtra et, couplée au GPS, vous localisera!
Il est temps de dire STOP. Facebook existe, personne ne lui dénie le droit de proposer des services. Mais que la société se positionne en fonction d'une entité privée, intrusive, c'est inacceptable. Pour ma part, je pense qu'un réseau payant (à un prix raisonnable) mais qui ne recueillerait pas de données personnelles à des fins de recommercialisation serait moins nuisible.
Et il faut que la société fixe des limites. Qu'un patron qui cherche un salarié examine ses compétences professionnelles, son passé judiciaire si la fonction est sensible (dans le respect de la loi) mais n'aille pas fouiner dans une vie privée que vous aurez étalée imprudemment voire - c'est pire encore - que d'autres auront étalée à votre insu. Ce n'est pas parce qu'on a montré son cul un soir de beuverie et que vous-même voire un autre avez commis la sottise de mettre la photo en ligne qu'on ne peut pas être professionnellement efficace aux heures de travail. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas de réseau facebook qu'on est asocial.
benjamin borghésio
Les commentaires récents