Monnaie improbable, la seule au monde qui ne soit pas liée à une gouvernance commune et ne le sera jamais sauf forfaiture démocratique car les peuples n'en veulent pas, qui de ce fait n'est pas un instrument de régulation de l'économie (comme le Yuan, le dollar, le Réal, etc.)
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La crise monétaire a atteint un point critique. Les solutions envisagées, de bon sens, comme la mutualisation de la dette ou des mesures "non conventionnelles" telles que le fonctionnement de la planche à billets pour créer une légère inflationssuceptible d'alléger le coût d'une dette libellée en euros - ce que les USA font quotidiennement - sont impossibles à cause de l'imrpobable Traité de Maastricht et du Diktat allemand.
L'euro fort génère une terrible crise de compétitivité, qui joue sur la croissance. Tout ce qui fut entrepris depuis janvier 2010 est inopérant.
La crise s'étend par effet domino, pays après pays: Grèce puis Irlande puis Portugal puis Espagne puis Italie avant la France. La situation continuera de s'aggraver sous l'effet de ce qu'on appelle les déflations compétitives (traduction en bon français: paupérisation massive des salariés et retraités), qui agissent exactement comme les dévaluations compétitives que l'euro prétendait supprimer... sauf que ces dévaluations, pour sortir des fortes crises, ça marchait! Le chômage explosant en France comme il a explosé dans les pays en crise, il faut changer une politique qui ne marche pas, sinon en entrera dans une grande dépression par dogmatisme imposé d'Outre Rhin.
Certes l'endettement provoque des problèmes de liquidité. Mais se désendetter par une austérité inouïe, ça ne marche pas. L'austérité provoque un effondrement des recettes fiscales qui augmente le déficit et la dette... et de ce fait les "Marchés" augmentent leur prime de risque: les taux d'intéêts explosent... autre façon de faire monter la dette.
Merkel impose des saignées sans anesthésie à des membres de l'UE déjà atteints de fortes hémorragies, prétendant les "guérir"
Les écarts de compétitivité n'ont cessé de s'accroître ces dernières années. Aujourd'hui, pour les rattraper selon l'orthodoxie monétaire, il faudrait baisser les coûts salariaux et les pensions de l'ordre de 20 % en France, et davantage en Espagne et en Italie. Sinon, on verra se creuser les déficits commerciaux et notre industrie déjà sinistrée disparaîtra purement et simplement. En France on applique des cautères sur la jambe de bois avec des subventions aux entreprises (3 % du PIB). Evidemment cette crise augmente le chômage: à l'accroissement aux marges de la population d'actifs on doit ajouter des destructions nettes d'emplois (et non pas des mutations d'un secteur vers d'autres)
300.000 emplois industriels français sont menacés d'ici à décembre, dans les grandes entreprises et les PME-PMI et on pense qu'il y en aura 200.000 supplémentaires détruits au premier semestre de 2013. Ces emplois industriels détruits généreront d'autres disparitions en cascade, dans les services en particulier. On s'oriente vers une situation à l'espagnole (24 % de chômeurs). Même en réduisant de façon drastique les secours alloués aux demandeurs d'emploi, il faudra provisionner des milliards pour les indemniser... si on pense que c'est ainsi qu'on résoudra le problème de la dette, c'est qu'on est singulièrement crétin.
Depuis l'introduction de la monnaie unique, trop forte, c'est l'anémie de la croissance: seule l'Allemagne a pu s'en tirer moins mal que les autre, parce que son industrie occupait des segments sur lesquels elle était en position de quasi monopole (machines outils, berlines de très grand luxe), ce qui ne l'empêche pas de connaître un très fort taux d'endettement (plus de 80% de son PIB) et d'avoir dû paupériser massivement ses salariés (plan Harz) pour rétablir sa compétitivité. Les autres pays développés non membres de la zone euro ont une croissance supérieure...
Il faut donc prévoir une montée du chômage de 4 % à 6 % au minimum sur un an. "Redressement productif" ? Défense de se moquer du monde!
Pour rétablir la compétitivité, on pourrait déjà étudier les moyens de contenir l'avidité du capital. Mais ne rêvons pas, sans révolution, ça ne se fera pas et Hollande n'est pas révolutionnaire... ça se saurait.
Sinon, il faut jouer sur les coûts salariaux.
Par l'accroissement des salaires et de l'inflation en Allemagne, mais ces paramètres ne dépendent pas de nous et pour obtenir le décalage nécessaire, l'Allemagne devrait accepter sur deux ans des taux annuels d'inflation de 12 %, parfaitement illusoires. En outre cette mesure ne règlerait en rien le problème de compétitivité vis-à-vis des pays extérieurs à la zone euro, à faibles salaires (Roumanie, République Tchèque, Pologne) ou non-européens. L'Allemagne aussi délocalise massivement...
Autre solution, celle de Merkel ou de l'UMP: la déflation salariale nominale... il semble que Hollande emboite le pas or... il n'a pas été élu pour ça. Les conséquences sur l'économie française seront dramatiques si on persiste, on aura une baisse de la consommation de 12% à 15%, induisant une chute du PIB de 4 % à 5 % par an et, évidemment, l'explosion d'un chômage à l'espagnole plus... une réduction des recettes fiscales donc un accroissement de la dette publique.
Reste la dévaluation. Elle pourrait se faire dans un cadre envisagé par un nombre de plus en plus important d'économistes dont le dernier en date est l'ancien ministre des finances du Brésil, Carlos Bresser-Pereira : une dissolution concertée de la zone euro. Les pays de la zone euro s'accorderaient pour suspendre le fonctionnement de l'euro et pour décider d'un retour aux monnaies nationales.
Ceci rendrait possible une dévaluation, qui est en réalité la méthode la plus simple, la plus rapide et la moins douloureuse de faire baisser le coût du travail sur le territoire français... étant entendu que la France ferait comme l'Islande le fit avec succès, en ne se portant pas garante des errements des banques: les dettes seront remboursées en monnaie nationale.
La suspension de la monnaie unique est donc la seule solution. Elle seule peut sauver l'Union européenne face à la méfiance que suscite le délitement de la zone euro, et qui font craindre le retour aux égoïsmes nationaux (plus le coup de pouce ainsi donné au retour de la peste brune). Cette mesure ainsi prise de façon concertée serait une décision européenne et pas un retour à des politiques ultra-nationalistes. L'euro tue l'Europe!
Une décision coordonnée permettrait de définir des niveaux de dévaluation et de se doter des mécanismes susceptibles de contrôler les mouvements de ces nouvelles parités. C'est le retour au serpent monétaire européen qui fonctionna fort bien!.
Les dirigeants français ont communié dans la religion de l'euro. A eux de se déjuger face à la situation qui leur donne tort et d'agir en hommes d'état, pas en politiciens.
benjamin borghésio inspiré par une chronique de Jacques Sapir
Sinon, lire les notes précédentes, analyses de crises.
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