La balkanisation de l'Europe en marche?
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Un million et demi de manifestants, selon la police, ont défilé mardi 11 septembre à Barcelone pour réclamer l'indépendance de la Catalogne, accusant le gouvernement central d'entraîner cette région du nord-est de l'Espagne dans la spirale de la crise.
Une marée humaine aux couleurs catalanes, le rouge et le jaune, a traversé le centre-ville jusqu'au Parlement régional. Brandissant des drapeaux indépendantistes frappés dans un coin d'une étoile blanche sur un triangle bleu, des milliers de personnes ont même envahi les rues adjacentes faute de place sur le parcours officiel. "Que veut cette foule ? Un nouvel Etat d'Europe. Que veulent ces gens ? Une Catalogne indépendante", hurlait la foule en catalan.
RÉGION LA PLUS ENDETTÉE DU PAYS
Le gouvernement nationaliste de Catalogne a lui-même appelé à une participation massive, décidé à faire pression sur Madrid pour revoir le pacte budgétaire qui définit combien l'Etat, qui collecte l'impôt, reverse à la région. "S'il n'y a pas d'accord sur le terrain économique, vous savez que la voie de la Catalogne vers la liberté est ouverte", a menacé le président de la région, Artur Mas, mardi.
La Catalogne est la région la plus endettée du pays, avec une ardoise de 42 milliards d'euros, soit 21 % de son PIB. Fin août, elle a dû demander une aide de 5,023 milliards à Madrid - (lemonde.fr)
A noter que si la Catalogne est la région la plus endettée du pays - et une bonne partie de cette dette vient de la crise immobilière qui frappe toute l'Espagne, tout comme de certains investissements pharaoniques qui ne sont pas, euphémisme, tous d'une nécessité avérée -, c'est également une des régions les plus riches, les plus productives.
En clair, une Catalogne indépendante débarrassée du poids représenté par ce qu'elle verse aux régions espagnoles les plus pauvres s'en sortirait mieux, compte tenu de ses atouts (industrie, tourisme, port très performant, etc.): à elle seule elle produit 1/5 du PIB espagnol.
Cela ne serait pas bien grave, objectera-t-on. Sauf que l'effet de contagion risque tout bonnement de faire exploser nombre de pays (la très xénophobe ligue du Nord italienne clame quotidiennement son ras-le-bol de payer pour le sud, la Flandre veut se séparer de la Wallonie, qui sait si l'ex RFA ne manifestera pas le désir de ne plus payer pour les Länder de l'est et on n'en finira plus de dévider l'écheveau).
En conclusion, les Européistes bêlants n'auront pas réussi à construire une entité abstraite qui n'existe que dans leurs rêves mais ils seront parvenus, par les contraintes budgétaires, culturelles et autres qu'ils imposent aux peuples, à faire péter les nations après qu'ils ont agi de manière telle que dans quasiment chaque pays, naissent ou renaissent des mouvemts xénophobes - quand ce ne sont pas carrément des partis néo-nazis. Les futures micro nations seront alors aux mains de partis belliqueux.
La Providence fasse que les divorces se fassent comme dans l'ex Tchécoslovaquie, c'est à dire selon le consentement mutuel, et pas comme en Yougoslavie. Le pire est hélas ce à quoi il faut s'attendre quand on se repasse le film de l'histoire qui, contrairement à un truisme répandu, se répète toujours. De toute manière, parmi les gens sérieux, personne ne peut imaginer sérieusement qu'une balkanisation forcenée de l'Europe serait la solution: en plus des migrations venant du sud, les régions dites favorisées devraient absorber des millions de gens chassés par la misère, venant de l'actuelle UE. Surtout que la seconde étape pourrait être des "réunifications" entre petites nations avec le corollaire habituel: le nettoyage ethnique. La Slovénie sera tentée de rejoindre le sud de l'Autriche, les ex-Sudètes dragueront la riche Allemagne, la Catalogne française lorgnera peut être vers le nouvel état et que dire du Pays basque? (la liste n'est pas exhaustive)
Pour conclure: une énorme pagaille, et la pagaille politique engendrant la crise économique, donc la crise sociale, donc des agressivités accrues, c'est le pire qui en résulterait.
benjamin borghésio
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