Jour de deuil pour les "amis des bêtes" ; dommage que ces derniers soient souvent de sacrés faux-culs qui se contrefichent autant de la vie des humains que de la vraie défense de la biodiversité.
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Les faits.
Suite à un référé intenté par le directeur du cirque Pinder, M. Edelstein, le tribunal administratif de Lyon a donné raison au préfet du Rhône, qui avait ordonné l'abattage de ses deux éléphantes tuberculeuses, Baby et Népal, vivant depuis 1999 au Parc de la Tête d'Or de Lyon. L'arrêté préfectoral imposait pour raisons sanitaires l'euthanasie des deux éléphantes, âgées de 42 et 43 ans, soupçonnées dès 2010 d'être porteuses du bacille tuberculeux.
Depuis février 2011, elles étaient soustraites à la présentation du public, et tenues à l'isolement avec Java, une autre éléphante. A la mort de cette dernière, une autopsie post-mortem avait été effectuée et l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) révélait les résultats de son expertise : Java était porteuse d'une souche de Mycobactérium tuberculosis, hautement contagieuse et transmissible à l'homme.
Népal et Baby sont-elles contaminées, donc dangereuses ? Réponses des vétérinaires: Le docteur Guillaume Douay, directeur adjoint du parc zoologique de la Tête d'Or, a précisé que Java était "excréteur" du bacille (autrement dit contagieuse), et que "des examens complémentaires ne permettraient pas de déterminer avec certitude l'absence de contamination des éléphantes", "verdict" confirmé par... Florence Ollivet-Courtois, vétérinaire conseil du cirque Pinder.
Ce qu'on peut en déduire.
C'est sympa un éléphant, et l'auteur de cette note est le premier à adorer les pachydermes. Mais quand on examine de près les faits, faut-il laisser ces vieilles bêtes agoniser lentement de cachexie (car c'est de ça qu'il s'agit: la mort par suite de tuberculose est tout, sauf douce) vu qu'il n'existe aucun moyen de traiter des animaux de cette taille et de ce poids? Faut-il mettre en danger sinon les visiteurs du parc - tenus à distance - du moins les employés qui sont au contact quotidien des animaux? (sans compter qu'un éléphant malade devient vite très agressif, et de ce fait l'approcher se révèle une opération à haut risque)
Second point: un directeur de cirque, surtout celui de Pinder souvent épinglé pour le traitement qu'il réservait à ses animaux, qui se préoccupe du confort et du bien être des animaux, c'est un peu comme Dutroux qui se soucierait du bien être de l'enfance belge. La vie des animaux de cirque soumis à un dressage intensif, en itinérance perpétuelle qui plus est, avec ce que ça implique de transbahutage de cages minuscules, est tout sauf agréable. Pardon de penser qu'avec cette affaire, le cirque se paie une opération de communication à bon compte.
Non! Ce n'est pas comme ça qu'on "aime" des éléphants! Quand on les a "aimés" de cette façon, on est disqualifié pour nous émouvoir à leur sujet.
Pas de cirque avec des animaux, point barre! Ce spectacle (au demeurant fascinant) est suffisamment varié pour que l'on puisse enchanter les visiteurs avec des prestations réalisées par des humains, adultes consentants. C'est par là que passe le confort et le bien être des animaux, avant la survie de deux vieilles éléphantes en bout de course pour lesquelles la science ne peut plus rien.
Troisième point: la tuberculose est en recrudescence dans notre pays, cinquième puissance mondiale, qui ne dégage pourtant pas suffisamment, crise aidant, de moyens pour combattre ce fléau d'un autre âge. Dans ce contexte, dépensera-t-on des fortunes pour prolonger la vie de deux vieilles éléphantes promises à une fin difficile, en mettant les soigneurs en danger, plutôt que mener des campagnes de dépistage, de prévention et de soins intensifs?
Quatrième point. Les affaires de justice, le droit de grâce en particulier, sont trop graves pour qu'on les banalise en demandant à un chef de l'Etat de statuer sur une question d'ordre vétérinaire. Certes (bis repetita) les éléphants c'est sympa, mais pourquoi épargner Baby et Népal "parce qu'elles sont sympas" quand, en application (justifiée) du principe de précaution, on a presque éradiqué la maladie de Creuzfeld Jacob en tuant des centaines de milliers de vaches soupçonnées "folles"? C'est aussi très sympa, une vache!
Et enfin, parce qu'on peut rire de tout (mais pas avec n'importe qui), on ne peut que s'indigner devant l'inhumanité d'une telle question posée à François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste dix années durant, qui le mène à statuer sur le sort de deux éléphants, ces animaux qu'il a dû côtoyer tout au long de sa vie politique. Faut-il ainsi lui rappeler tous ceux et celles qu'ils a éliminés pour arriver à l'Elysée?
benjamin borghésio
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