Un quart de la population européenne menacée de pauvreté.
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Un centre d'hébergement pour sans abri.
Qui se souvient des proclamations grandiloquentes des libéraux canal-historique et des sociaux démocrates façon Delors sur la construction-européenne-qui-nous-amènera-paix-et-prospérité?
Selon Eurostat (l'organisme qui fournit les données à la Commission et au Parlement européen, donc guère susceptible de bidonner les chiffres dans le sens du pessimisme, 120 millions de personnes étaient menacées en Europe de pauvreté ou d'exclusion sociale en 2011. Sources ici (lien)
Le taux de chômage moyen dans l'UE a dépassé le seul de 10% et les pays "prospères et riches grâce à leur discipline budgétaire" sont à peine au dessous (8% en Allemagne malgré des millions de gens contraints de travailler pour un salaire de misère - au sens propre - et grâce à une démographie chancelante : elle "sort" chaque année 100.000 jeunes de moins qu'elle ne produit de retraités et on ne sait pas à moyen terme qui financera les pensions de ces retraités outre Rhin).
Ce sont les Bulgares (49%), les Roumains et les Lettons* (40%) de même que les Grecs (31,1%** contre 27,7% en 2010) qui sont le plus menacés de grande pauvreté ou d'exclusion sociale). A noter que le Luxembourg, premier pays du monde selon le classement des PIB/hab (source FMI) compte quand même 17% de personnes dans cette situation: être un état voyou qui permet le blanchiment légal de l'évasion et de la fraude fiscales sans parler de revenus encore plus condamnables, et qui en tire des profits énormes, ne suffit même pas pour assurer un minimum décent à sa population.
L'exclusion sociale menace 19,9 % des personnes vivant en Allemagne (mais Sig! le budget teuton sera bientôt en équilibre) et 19,3 % en France, chiffre stable par rapport à l'année précédente.
* Etonnons nous que dans ces conditions, une très forte majorité des citoyens de l'Europe de l'Est - quand ce n'est pas une majorité, cas de la Roumanie -, considèrent qu'on vivait moins mal au temps du comlmunisme tant honni par nos "démocraties". Etonnons nous que la peste brune fasse toujours plus de ravage sur le même terreau.
** ce serait infiniment plus, si comme au Portugal et en Espagne la solidité des liens familiaux habituelle dans les pays latins n'apportait pas un correctif: les jeunes, passé trente ans, vivent toujours chez leurs parents et pas dans le cadre du syndrome génération tanguy: pour ne pas être à la rue.
C'est dans ce contexte que le maintien de l'enveloppe consacrée à l'aide alimentaire européenne dans le budget 2014-2020 de l'UE est contestée par plusieurs pays européens emmenés par l'Allemagne, la Suède et le Royaume-Uni. On pourrait résumer la philosophie par:
"solidarité avec les banquiers voyous et/ou incompétents à l'origine de la crise mondiale, oui. Avec nos pauvres? Qu'ils crèvent!"
Des Anglais eurosceptiques qui n'ont jamais joué le jeu européen, dont le sens de la solidarité n'a en outre jamais été leur caractéristique première, on n'en attendait pas moins. Des Allemands... On espérait qu'ils auraient davantage le sens des responsabilités morales, et il serait temps que les autres gouvernements cessent de se coucher devant ce pays chaque fois plus arrogant: un éclatement de la zone euro surviendrait, que l'ensemble des monnaies bénéficieraient de facto d'une énorme dévaluation compétitive, et son économie tirée par les exportations s'effondrerait en peu de temps.
Lire à cet égard ce qu'a écrit à ce sujet Lucien Bourgeois, membre du conseil scientifique de la Fondation Res Publica, économiste, membre de l'Académie d'Agriculture.
Aide alimentaire: solidarité européenne pour les banques mais pas pour les Restos du cœur (lien)
A noter que si ces 500 millions d'euros consacrés à l'aide alimentaire constituent une somme très appréciable pour les associations, cela ne fait que 0,4 % du budget européen.
Olivier Berthe, président des Restos du Cœur."Une semaine après l'attribution du prix Nobel de la paix à l'Union européenne, proteste-t-il, on ne peut pas imaginer que ce programme qui permet à 18 millions d'Européens de manger à leur faim, de vivre correctement depuis maintenant plus d'un quart de siècle, soit rayé d'un trait de plume".
"Il faut au moins 500 millions d'euros, au moins le budget équivalent à 2012-2013, estime-t-il. Si l'enveloppe n'est pas à la hauteur, les conséquences seront catastrophiques puisque ce sont 18 millions d'Européens qui pourraient, à partir de 2014 et pour les sept années qui suivront, avoir des carences alimentaires".
A l'exception des financiers, qui trouve encore un intérêt à faire vivre l'Union européenne telle qu'elle fonctionne de nos jours quand on en est réduit à résoudre ce genre de problématique?
benjamin borghésio
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