Le Mouvement des Jeunes Socialistes étant une école du Vice particulièrement rouée, il est rare qu'on ait l'opportunité de le défendre. Mais en cette circonstance...
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Le MJS a mis en ligne, sur son site web, une carte interactive permettant aux internautes de dénoncer les propos d'élus de la République qu'ils considèrent comme homophobes. "Depuis que le gouvernement a annoncé son intention d'ouvrir le droit au mariage et à l'adoption à tous les couples, les dérapages homophobes d'élus se multiplient. Pour ne pas les laisser tomber dans l'oubli, nous vous proposons de les signaler sur cette carte participative".
On découvre - ou redécouvre - le maire UMP de Sète, François Commeinhes, évoquant les "gays femelles" pour parler des lesbiennes; l'ex-ministre de la Défense Gérard Longuet qui associe homosexualité et pédophilie; ou encore les petites phrases du député UMP des Hauts-de-Seine Patrick Balkany ("Les hommes, ça les révulse de voir des hommes ensemble") ou du sénateur UMP Serge Dassault ("Regardez dans l'Histoire, la Grèce, c'est une raison de sa décadence"). Quant au député UMP des Yvelines, Jacques Myard, qui estime qu'"on est en train de créer des zombies en déclarant que tel enfant est l'enfant de deux pères ou deux mères", n'est pas en reste. (lepoint.fr)
Voilà-t-y pas que d'aucuns, à droite, dénoncent des "relents sectaires et dogmatiques" (Christine Boutin) la "manière toujours plus agressive, sectaire et nauséabonde de faire de la politique" (Franck Allisio) , etc.
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Il ne faudrait quand même pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages.
Par définition, des propos publics tenus en public par des politiques sont destinés à être rendus publics.
C'est toujours pareil et dans tous les camps : devant les militants ou d'autres petits comités, on se lâche et on se la joue "plus dur que moi tu meurs" (un parti de gauche se conquiert sur sa gauche ; un parti de droite se prend sur sa droite) et ensuite, devant le grand public on se la joue "papy ou mamie rassurant (e) " pour l'emporter. Pour ma part, j'assume au grand jour ce que je dis ou ce que j'écris, si j'ai dérapé et qu'on me met le nez dedans, je m'en excuse. Et pourtant, je ne suis pas un homme public.
Le moins que l'on puisse attendre de politiques dont le métier est de communiquer, c'est qu'ils assument leurs propos. Je le répète, cela ne vaut pas que pour des propos réputés homophobes, mais pour toute la parole politique.
Il est toujours intéressant de savoir que celui qui dégouline de bonté en disant qu'il souhaite juste que "chaque enfant ait un papa et une maman" gueule "les PD au bûcher" quand il se sent "entre amis"
Tout comme il est intéressant de savoir que celui qui disserte gravement sur le front de classe et la lutte contre le capital rassure discrètement le monde de la finance, à deux heures de Paris.
Tout comme on est en droit de savoir que tel politique hurle aux bons sentiments vis à vis des Roms, tout en prenant discrètement, en tant que maire, des arrêtés municipaux très répressifs qui permettront leur expulsion.
La liste n'est pas exhaustive.
Les politiques sont à notre service, et non le contraire. C'est nous qui les élisons, ou non. En conséquence leur parole est publique, et il ferait beau voir qu'ils ne l'assument pas, de quelque bord qu'ils fussent. Et c'est bien connu que ce qu'un camp nomme délation, le camp opposé l'appelle information.
Les seules limites à la règle de communication des propos des uns ou des autres sont celle de la diffamation directe et de la malhonnêteté intellectuelle, quand des propos tronqués ou extraits de leur contexte vous font dire à peu près l'opposé de ce que vous avez exprimé. Franchir cette ligne jaune doit exposer à des sanctions implacables. Pour le reste, c'est le jeu.
benjamin borghésio
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